Au Forum sur la gouvernance de l’internet, les géants du net défendent leur collaboration avec Pékin

 
 
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Des participants au Forum sur la gouvernance de l’internet, le 30 octobre 2006 à Vouliagmeni près d’Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki )

[31/10/2006 17:26:32] VOULIAGMENI (Grèce) (AFP) Google, Microsoft et Cisco systems ont défendu mardi, sous un feu de critiques, leur collaboration avec la Chine qui censure la Toile et traque ses cyberdissidents, lors d’un débat sur la liberté d’expression au Forum sur la gouvernance de l’internet (FGI).

Réunis sous l’égide de l’ONU à Vouliagmeni, en banlieue d’Athènes, aux côtés de représentants des Etats et de la société civile, ces géants du net et éditeurs de logiciels ont défendu l’idée que refuser leurs services à Pékin reviendrait à priver les Chinois de tout accès à l’internet.

“Nous avons conclu que nous préférions offrir un maximum d’informations aux Chinois en dépit du fait que nous censurions certains éléments dont le gouvernement ne voulait pas”, a déclaré Vint Cerf, l’un des pères de l’internet, aujourd’hui vice-président de Google.

Et malgré les restrictions “internet est en train de transformer le portrait politique de la Chine”, a estimé Fred Tipson, conseiller de Microsoft.

Des défenseurs de la liberté d’expression ont au contraire dénoncé l’auto-censure des opérateurs de portails d’accès à l’internet en Chine, affirmant en outre que Pékin se fournissait en logiciels étrangers pour contrôler le net.

“Aujourd’hui, seule la Chine et l’Iran bloquent l’accès à notre site parce que leur contenu ne leur convient pas”, a déclaré Richard Sambrook, directeur de l’information de la BBC.

“En Chine, les logiciels sont utilisés pour renforcer le contrôle par le gouvernement, pas pour ouvrir à plus de démocratie”, a dénoncé Andrew Puddephatt, responsable d’une association de défense des droits de l’Homme.

Un représentant de Reporters sans frontières (RSF) a en outre accusé Cisco systems d’avoir directement “vendu du matériel à la police chinoise”.

“Nous vendons la même chose à tous les pays, nous ne faisons rien pour permettre à un gouvernement d’exercer un filtrage”, a répondu Art Reilly, directeur stratégique de la firme. Pressé de question il a ajouté : “Je ne suis pas au courant de la vente d’un produit en Chine quel qu’il soit”.

Devant un parterre en grande partie hostile à leurs arguments, Fred Tipson est allé jusqu’à venir en aide à Yahoo! –dont aucun représentant n’assistait à la discussion– accusé d’avoir collaboré avec la police chinoise pour l’arrestation d’un dissident.

“Yahoo! a son équipe en Chine. S’ils avaient refusé de coopérer, tout le monde aurait été arrêté et expulsé (…) Mais Yahoo! ne savait pas qu’il s’agissait d’un journaliste et qu’il risquait la prison”, a-t-il dit.

Les grandes compagnies ont en outre répété que, dans un marché ultra-concurrentiel, elles ne pouvaient pas se permettre de bouder la Chine qui ne compte encore que 130 millions d’internautes sur une population de 1,4 milliard d’habitants.

“L’espace dans lequel nous agissons est très compétitif. Si nous n’offrons pas ce que les gens nous demandent, ils s’adressent ailleurs”, a fait valoir Vint Cerf.

Un levier économique qui peut aussi faire plier les autorités, a renchéri Fred Tipson : “L’argument le plus fort pour ces pays c’est de leur dire que l’internet est un moteur de la croissance (…) Or, il faut leur montrer que restreindre la liberté d’expression peut étouffer la croissance”.

Intervenant en fin de débat, un responsable chinois auprès des Nations unies à Genève a pris la parole pour dire qu’il trouvait “regrettable” que la Chine se trouve au centre d’un débat sur la liberté d’expression. D’autant, a-t-il affirmé, que son gouvernement n’imposait “aucune restriction” sur la Toile.

 31/10/2006 17:26:32 – © 2006 AFP