[31/10/2006 19:57:38] LA PAZ (AFP) Le président bolivien Evo Morales devait lancer mardi une nouvelle politique dans le secteur minier mais renoncer à sa nationalisation pour cette année après les graves affrontements entre mineurs qui ont fait 16 morts en octobre dans la grande mine d’étain de Huanuni. “Il ne s’agit pas d’une nationalisation”, a expliqué mardi le porte-parole de la présidence Alex Contreras. Le gouvernement d’Evo Morales paraît avoir reculé en n’évoquant plus le terme de “nationalisation” devant la perspective d’un mouvement social dur de la part des dizaines de milliers de mineurs indépendants farouchement opposés à une telle mesure. M. Morales a affirmé mardi soir qu’un projet de nationalisation des mines serait annoncé en 2007, mais qu’il devait d’abord “consolider la nationalisation des hydrocarbures”. Le chef de l’Etat a reconnu que cette année “l’Etat n’avait pas assez d’argent pour procéder à la nationalisation des mines”. Le gouvernement socialiste est hésitant sur ce dossier car le secteur minier est en grande partie aux mains de grandes entreprises américaines et suisses, qui donnent du travail à de petites et moyennes entreprises privées ainsi qu’à des structures de type familial. La puissante Fédération des coopératives minières (Fencomin, privée), qui regroupe plus de 60.000 travailleurs, s’est opposée publiquement à une nationalisation des mines. Des milliers de mineurs indépendants ont manifesté lundi à Potosi (sud) contre un tel projet. En octobre dernier, des affrontements entre mineurs du secteur public et travailleurs privés avaient fait 16 morts dans la mine d’étain de Huanuni appartenant à l’Etat. Le nouveau plan de l’Etat vise à réactiver le secteur minier et renforcer l’organisme public Comibol (Corporation minière de Bolivie), a indiqué Alfredo Rada, le vice-ministre chargé de la Coordination des affaires sociales. Le plan cherche à préserver les intérêts de l’Etat, promouvoir les investissements privés et garantir que les coopératives privées puissent travailler aussi dans les mines. M. Morales devait lancer son plan de développement des mines mardi 31 octobre, jour anniversaire de la première nationalisation des mines boliviennes en 1952. Un secteur qui avait été ensuite privatisé en 1985. Les entreprises étrangères vont probablement être contraintes de renégocier des contrats beaucoup moins intéressants, comme elles ont dû le faire dans le secteur gazier. Par conséquent, l’un des enjeux les plus délicats de l’opération sera de revoir à la baisse les contrats tout en préservant les investissements, alors que seuls 10% des immenses réserves de minerais (principalement l’or, le zinc, l’argent, le cuivre, l’étain, le plomb et l’antimoine) ont été exploitées, selon les experts. Plusieurs grands groupes miniers étrangers exploitent actuellement 70% du secteur, dont les américains Apex Silver et Pamerican Silver, qui contrôlent l’argent des grandes mines de San Bartolome et San Vicente dans la région de Potosi, dans l’ouest du pays. Inti Raymi, une filiale de l’américain Newmont, détient deux mines d’or dans la région d’Oruro (sud). Le groupe minier suisse Glencore exploite la mine d’or de Sinchi Wayra (sud), et l’américain Coeur d’Alene la mine d’argent de Cerro Rico à Potosi, connue depuis le XVIe siècle. Le secteur minier emploie environ 80.000 mineurs, à temps complet ou à temps partiel, et 300.000 personnes vivent de cette activité. Les exportations de métaux (principalement le zinc) de la Bolivie se sont elevées en 2003 à près de 409 millions de dollars, au quatrième rang des exportations du pays, et l’investissement dans le secteur minier a représenté 566 millions de dollars contre 999 millions en 2002. Peuplée de neuf millions d’habitants, la Bolivie, pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, possède pour principale richesse le gaz, dont elle détient la deuxième réserve de la région après le Venezuela. |
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