Les apôtres du micro-crédit revendiquent l’efficacité de leur aide

 
 
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L’Egyptienne Hanem Shaban, bénéficaire d’un micro-crédit, vend des légumes sur un marché populaire du Caire, le 19 octobre 2006 (Photo : Khaled Desouki)

[01/11/2006 15:04:41] WASHINGTON (AFP) Le cap de 100 millions de pauvres bénéficiant d’une aide sous forme de prêts de très faibles montants est en passe d’être atteint, ont annoncé les responsables du sommet pour la défense du micro-crédit mercredi.

Le but d’atteindre le chiffre de 100 millions de bénéficiaires de ces prêts visant à favoriser la création ou le développement d’entreprises avait été fixé en 1997 avec comme objectif 2005.

Tout en reconnaissant qu’ils n’ont pas encore atteint cet objectif, les organisateurs du sommet ont indiqué qu’ils espéraient y arriver d’ici la fin de l’année et, qu’à fin 2005, ils avaient déjà atteint 82 millions d’individus, en Asie notamment.

Le comité exécutif du mouvement compte l’économiste bangladais Muhammad Yunus, lauréat du Prix Nobel de la Paix, et pionnier de ce type de financement.

Selon les membres du mouvement, ces petits prêts, qui sont pour la plupart accordés à des individus gagnant moins d’un dollar par jour pour leur permettre de créer ou d’agrandir une petite entreprise, ont en réalité profité indirectement à des millions d’individus.

“Les prêts accordés à 82 millions d’individus parmi les plus pauvres profitent à 410 millions d’individus, membres de leur famille au sens large”, a expliqué Sam Daley-Harris, directeur du sommet qui se tiendra à Halifax (Canada) du 12 au 15 novembre.

Ces prêts, d’un montant de 100 dollars en moyenne, permettent la plupart du temps à des individus pauvres, souvent analphabètes, de développer une activité basée sur la vente de nourriture par exemple, ou le commerce d’objets artisanaux. Ils ne requièrent aucun collatéral.

Le rapport du sommet, rendu public mercredi, cite le cas de Balkisu Amadu, et de son échoppe de vente de nourriture au Ghana.

Pendant plusieurs années, Amadou ne gagnait pas plus de l’équivalent de 81 cents américains par jour grâce à une simple table recouverte d’une nappe sur laquelle elle servait à manger aux passants, explique le rapport.

Mais l’année dernière, Amadou est entrée dans une banque qui pratique le micro-crédit et après avoir contracté quatre emprunts, ses revenus ont plus que quadruplé pour atteindre 4 dollars par jour. Elle souhaite désormais acheter une cuisinière à gaz et s’installer dans un local.

Ces prêts sont octroyés à des taux d’intérêts raisonnables et les responsables du sommet soulignent qu’ils ciblent en particulier les femmes (84% des bénéficiaires) car elles gèrent souvent les finances de la famille.

Les grandes banques avaient traditionnellement l’habitude de négliger les plus pauvres, mais aujourd’hui elles y accordent davantage d’intérêt.

“La micro-finance progresse”, concluait en début d’année une étude de la banque néerlandaise ING.

Le rapport du sommet pour le micro-crédit est publié quelques jours avant que MM. Daley-Harris et Yunus rejoignent 2.000 délégués internationaux à Halifax où de nouveaux objectifs de développement en matière de micro-crédit seront fixés pour 2015.

A cette échéance, les militants souhaitent que 175 millions d’individus puissent bénéficier de cette formule.

Ils reconnaissent que le micro-crédit n’est pas la “panacée” pour éradiquer la pauvreté mais estiment qu’il est l’un des instruments les plus efficaces pour renforcer l’auto-suffisance et la confiance en soi.

Le sommet d’Halifax accueillera également la reine Sofia d’Espagne, le président du Honduras Manuel Zelaya Rosales, le premier ministre pakistanais Shaukat Aziz ainsi que des universitaires et des représentants du monde des affaires.

 01/11/2006 15:04:41 – © 2006 AFP