[01/11/2006 16:08:22] VOULIAGMENI (AFP) Plusieurs participants au Forum mondial sur la gouvernance de l’internet (FGI) d’Athènes ont dénoncé mercredi la domination de l’anglais et de l’alphabet latin sur la Toile, réclamant que l’internet s’ouvre au multi-linguisme pour préserver la diversité culturelle. Si, dans son contenu, l’internet est ouvert à tous les idiomes, avec des sites en chinois, en russe ou en hébreu, les “noms de domaines” (les adresses) s’écrivent toujours en lettres latines et les logiciels qui permettent le fonctionnement du réseau sont en anglais. “C’est un vrai problème pour des raisons d’égalité entre les nations. Les enjeux sont aussi économiques : une entreprise chinoise qui veut une adresse internet doit transcire son nom dans un alphabet qui n’est pas le sien”, explique à l’AFP Bertrand de La Chapelle, qui représente la France à l’IGF. Le seul fait de créer des pages web rend nécessaires de solides rudiments d’anglais, le langage informatique de l’internet (le “html”) étant dans cette langue. Cette “uniformisation présente des dangers pour la survie des langues à long terme”, a jugé Adama Samassékou, président de l’Académie africaine des langues, qui s’exprimait au cours d’un débat consacré à cette question au FGI, qui se déroule à Vouliagmeni, dans la banlieue sud d’Athènes. “Pour l’Afrique, il s’agit de faire en sorte que cette nouvelle société de l’information ne laisse pas de côté des millions d’Africains”, a-t-il ajouté. “En Chine, 300 millions de personnes apprennent l’anglais (…) Mais les Chinois n’aiment pas utiliser des lettres latines pour transcrire leur langue. Ils veulent des idéogrammes”, a expliqué pour sa part Hu Qiheng, présidente de la Société internet de Chine. Pour nombre de promoteurs du net toutefois, le fait d’avoir une architecture unique dans un langage identique permet d’éviter une “fragmentation de l’internet”, qui demeure depuis sa création par des ingénieurs américains géré par un organisme dont le siège se trouve aux Etats-Unis, l’Icann. “Aujourd’hui nous avons un seul web, qui est un réseau mondial cohérent. Si tout le monde se met à créer ses systèmes dans son coin, on risque une balkanisation du réseau”, avertit ainsi Bernard Benhamou, maître de conférence à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris. L’architecture de l’internet “relève plus aujourd’hui d’un domaine d’intérêt public que d’un lieu de souveraineté et de défense des cultures locales”, relève également Elizabeth Longworth, de l’Unesco. Pour les utilisateurs, le développement des moteurs de recherche, comme Yahoo! ou Google, permet en en outre de ne pas passer par les adresses web (les http//…) pour accéder à un site souhaité, mais de taper directement son nom, dans n’importe quelle langue. Quand la recherche est plus vague, les internautes procèdent également par mot clé, toujours dans leur langue. “Si je veux un nom de restaurant proche de mon hôtel grec, je n’ai qu’à poser ma question sur Google et j’aurai la réponse à ma question”, relève ainsi un internaute japonais. “Alors pourquoi créer un autre système ?”. |
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