[02/11/2006 16:58:25] FRANCFORT (AFP) Le message délivré jeudi par Jean-Claude Trichet est sans équivoque: la Banque centrale européenne (BCE) va remonter ses taux directeurs en décembre et pourrait poursuivre sur sa lancée en 2007. “Une grande vigilance reste nécessaire” afin de combattre les risques inflationnistes, a déclaré le président de l’institut lors d’une conférence de presse à Francfort. L’emploi de ce terme a jusqu’ici conduit infailliblement à une hausse de taux lors de la réunion suivante. Le Français a enfoncé le clou. “Je ne dirais certainement rien qui puisse contredire les attentes des marchés pour la fin de l’année”, a-t-il martelé. Ces derniers anticipent un nouveau tour de vis en décembre qui porterait le principal taux directeur à 3,50%. Le conseil des gouverneurs a décidé auparavant sans surprise de garder le principal taux directeur inchangé à 3,25%. La précédente hausse, d’un quart de point, remontait à un mois seulement. Depuis décembre, la BCE a augmenté ses taux à cinq reprises, de 2% à 3,25%. Pour M. Trichet, la politique monétaire reste néanmoins “accommodante”, ce qui signifie, qu’à ses yeux, les conditions du crédit demeurent bon marché et portent en germe des risques de dérapage des prix. Peu importe que l’indice des prix à la consommation de la zone euro respecte depuis deux mois l’objectif à moyen terme de la BCE préconisant une inflation inférieure mais proche de 2%. Le phénomène est temporaire et le taux devrait être de nouveau “subtantiellement plus élevé” en décembre et en janvier, selon le Français. Mécaniquement, la forte hausse de la Taxe sur la valeur ajoutée en Allemagne (de 16 à 19%) début 2007 va faire grimper le taux d’inflation de l’ensemble de la zone euro.
Malgré la détente récente des prix du pétrole, “les risques pour la stabilité des prix restent clairement à la hausse”, a-t-il déclaré. Les précédentes flambée des prix de l’or noir pourraient bien encore se répercuter sur l’ensemble de l’économie, le danger de spirale inflationniste provoquée par de fortes hausses salariales restant à ses yeux d’actualité. Relèvements d’impôts indirects et de tarifs de services administratifs, ampleur des liquidités et croissance toujours vigoureuse des crédits au secteur privé sont également autant de menaces susceptibles de faire vaciller la stabilité des prix. Le Français est resté évasif sur les intentions du conseil pour 2007. “Nous ferons ce qui est nécessaire afin de maintenir la stabilité des prix”, a-t-il déclaré. Pour en savoir plus, “je vous donne rendez-vous lors de la réunion de décembre”, a-t-il lancé. A cette occasion, la BCE publiera ses nouvelles projections trimestrielles d’inflation et de croissance. S’il ne s’est pas engagé sur une échéance, il a pris soin de ne pas fermer la porte à de nouveaux tour de vis monétaires l’an prochain. Si les hypothèses de croissance et d’inflation de la BCE se confirment, alors il sera “nécessaire d’ajuster de nouveau le caractère accommodant de la politique monétaire”, en clair il faudra encore remonter les conditions du crédit, a-t-il déclaré. Une phrase que l’économiste de Bank of America Holger Schmieding considère comme une “vague indication que la hausse de taux de décembre ne sera peut-être pas la dernière”. Par ailleurs, le tableau très positif de l’économie dressé par le président de la BCE donne du poids à l’hypothèse de nouvelles remontées du coût du crédit en 2007, estiment plusieurs économistes, qui voient le principal taux grimper à 3,75% voire 4%. Pour Marc Touati, analyste chez Natexis Banques Populaires, la “BCE ne s’arrêtera pas en si bon chemin”, d’autant plus que la croissance de la zone euro va profiter au quatrième trimestre d’un regain de la consommation dans sa première économie, l’Allemagne, avant la remontée de la TVA. |
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