[02/11/2006 17:53:38] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom s’est imposé jeudi dans la crise politique entre Moscou et Tbilissi en demandant un doublement du prix de ses fournitures gazières pour 2007 alors que le chef de la diplomatie géorgienne Guela Bejouachvili repartait bredouille de sa visite à Moscou. Gazprom a adressé à Tbilissi une offre de livraisons de gaz à 230 dollars les 1.000 m3 contre les 110 dollars qu’il paye actuellement. “C’est une première proposition, elle va être négociée”, a indiqué Denis Ignatiev, du service de presse de Gazprom. L’offre est intervenue au moment où le chef de la diplomatie géorgienne était à Moscou pour de premiers entretiens russo-géorgiens à un tel niveau depuis le début, il y a plus d’un mois, d’une grave crise diplomatique. Il y a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov mercredi, mais n’a fait état d’aucune percée sur les dossiers qui opposent Moscou et Tbilissi. Après la brève interpellation fin septembre en Géorgie de quatre officiers russes accusés d’espionnage, Moscou a pris de sévères sanctions, suspendant ses liaisons aériennes, terrestres et maritimes avec la Géorgie. Et des centaines de Géorgiens jugés en situation illégale ont été expulsés. M. Bejouachvili a averti que Tbilissi pourrait utiliser son droit de veto dans les négociations de Moscou pour entrer à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et estimé que l’offre de Gazprom était “fondée sur la politique et non sur l’économie”.
“Nous devrons regarder d’où découle un tel prix, c’est le même prix que pour les pays d’Europe de l’Est. Or, comme la Géorgie est plus proche de la Russie, le prix du transit de gaz ne devrait pas être si élevé”, a souligné le ministre sur la chaîne de télévision géorgienne Roustavi 2, depuis Moscou. Les prix du gaz augmentent en principe avec la distance à laquelle le pays concerné se trouve de la Russie, à cause des frais de transit. Mais Gazprom est soupçonné de moduler ses tarifs en fonction des relations politiques de la Russie avec ses pays clients. Ainsi, le Bélarus ou l’Arménie bénéficient de tarifs plus modérés. La hausse du prix du gaz livré à la Géorgie est justifiée par “la hausse des prix mondiaux des hydrocarbures”, a assuré M. Ignatiev. M. Bejouachvili a dit avoir reçu l’assurance de Moscou que “le gaz et l’électricité ne seraient pas coupés” cet hiver, mais les négociations pour les livraisons de gaz s’annoncent ardues. Pour l’agence de notation financière Standard and Poor’s, la hausse des prix gaziers ne devrait cependant avoir “qu’un impact modeste sur la croissance économique géorgienne” de 1,1% de son PIB. L’importation de 1,7 milliard de m3 de gaz russe coûtera à Tbilissi 391 millions de dollars au prix proposé, soit 204 millions de plus que prévu, “mais les autorités géorgiennes ont pris des mesures de précaution pour s’assurer que des sources alternatives de gaz soient disponibles”, note SP dans un communiqué. La construction du gazoduc Bakou-Erzerum, reliant l’Azerbaïdjan à la Turquie via la Géorgie, qui doit être achevée en décembre, devrait permettre de couvrir une partie des besoins de la Géorgie, mais pas l’intégralité, a précisé le ministre sur la radio russe Echo de Moscou. Début 2006, Gazprom avait brièvement coupé ses livraisons de gaz à l’Ukraine après un conflit sur les prix du gaz, déclenchant la panique dans les pays européens qui ont vu la pression dans leurs gazoducs baisser. La Géorgie, qui n’est pas comme l’Ukraine un pays de transit majeur pour le gaz russe, a déjà souffert du froid pendant plus d’une semaine en janvier dernier, privée de gaz et d’électricité russes en pleine vague de froid. Deux explosions à ce jour non élucidées (un sabotage russe selon Tbilissi) avaient endommagé le gazoduc qui fournit à la Géorgie la quasi totalité de son gaz. Une autre avait endommagé la principale ligne électrique venant de Russie. |
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