[02/11/2006 13:49:04] STOCKHOLM (AFP) Du gaz russe au pétrole soudanais, le poids lourd du gouvernement suédois, le chef de la diplomatie Carl Bildt, doit faire face à des critiques persistantes sur un portefeuille d’actions jugé sulfureux. L’ancien chef du gouvernement conservateur détient des participations dans une trentaine d’entreprises, dont certaines sont considérées comme peu scrupuleuses, à l’instar de Vostok Nafta intimement liée au géant russe Gazprom et de la compagnie pétrolière Lundin Petroleum présente au Soudan. “Carl Bildt a perdu une bonne partie de sa crédibilité avec cette affaire d’actions dans Vostok Nafta, une entreprise douteuse”, estime l’éditorialiste du quotidien suédois Dagens Nyheter, Henrik Brors. A 57 ans, Carl Bildt, dont le portefeuille est estimé à 2,24 millions d’euros, ne fait pas exception dans le gouvernement de Fredrik Reinfeldt puisque sur les 2O ministres nommés début octobre, seuls trois ne sont pas actionnaires, selon une liste officielle publiée par le gouvernement. Mais les critiques grondent depuis deux semaines autour de M. Bildt. “Il a trop tardé à annoncer qu’il allait exercer ses options d’achat”, a expliqué M. Brors, alors que le conflit d’intérêts était évident pour un ministre des Affaires étrangères membre de l’Union européenne. Vostok Nafta, enregistrée aux Bermudes, est contrôlée directement ou indirectement par la famille suédoise Lundin. Elle détient environ 1% de Gazprom, détenue majoritairement par l’Etat russe. “Carl Bildt n’envisage pas le problème de cette manière”, a indiqué un responsable du ministère des Affaires étrangères qui a requis l’anonymat. “Il pourrait bien sûr y avoir conflit d’intérêts”, a-t-il reconnu. Mais selon lui, “si le problème venait sur la table du gouvernement”, Carl Bildt ne prendrait pas part aux décisions concernant ces entreprises et ces pays. M. Bildt va vendre ses stock-options en décembre, a-t-il par ailleurs précisé. Le ministre a en outre indiqué jeudi à la presse suédoise que l’ensemble de ses actions étaient désormais gérées par une autorité indépendante. Au-delà de possibles conflits d’intérêts, Carl Bildt a suscité des interrogations sur son éthique. Mercredi, l’organisation américaine des droits de l’Homme Human Rights Watch s’est indignée qu’un ministre des Affaires étrangères puisse avoir des participations dans la société pétrolière Lundin Petroleum, suspectée d’avoir des liens avec le gouvernement soudanais. Leslie Lefkow, chercheuse de l’organisation, avait alors déploré qu’un ministre puisse avoir des intérêts dans un pays connu pour bafouer les droits de l’Homme. “Il ne fait aucun doute que les entreprises pétrolières passent des contrats avec le gouvernement soudanais qui est impliqué dans des crimes contre l’humanité”, a-t-elle estimé. Quoique embarrassante, l’information n’est pas nouvelle. “Les critiques concernant Lundin avaient déjà surgi il y a quelques années”, a rappelé M. Brors, soulignant que Bildt était alors membre du conseil d’administration de Lundin, un poste qu’il a occupé jusqu’à sa nomination aux Affaires étrangères le 6 octobre. Carl Bildt, issu d’une famille bourgeoise, avait mené différentes missions en Europe pour le compte de l’Union européenne et l’ONU après avoir dirigé le pays scandinave de 1991 à 1994. Il s’est ensuite engagé dans les affaires, entrant dans le capital et le conseil d’administration de multiples entreprises internationales dont la société américaine Legg Mason. “Il n’imaginait sans doute pas revenir un jour sur la scène politique suédoise. Il a alors pris des participations ici et là et fait grossir son capital. Lorsqu’il a été appelé de nouveau au gouvernement, cela a été une grosse surprise pour lui”, relève encore M. Brors. |
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