Eurotunnel se veut “réaliste” pour sortir définitivement d’affaire

 
 
SGE.IGQ81.031106185034.photo00.quicklook.default-173x245.jpg
Un train sort du tunnel sous la Manche, le 13 juillet 2006, à Coquelles dans le nord de la France (Photo : Denis Charlet)

[03/11/2006 18:52:27] PARIS (AFP) L’exploitant du tunnel sous la Manche, Eurotunnel, a présenté des objectifs de chiffre d’affaires et de résultats d’ici à 2009 qualifiés de “réalistes” dans un document annexe au plan de restructuration financière remis à ses créanciers, avec l’espoir de se sortir définitivement d’affaire.

Eurotunnel, qui croule sous une dette de plus de 9 milliards d’euros, est placé depuis début août sous la protection de la justice, et a présenté le 26 octobre à son conseil d’administration qui l’a approuvé un plan de restructuration financière. Il prévoit notamment la réduction des créances de plus de moitié, à environ 4,16 milliards d’euros.

Publiées vendredi dans le quotidien Les Echos, les prévisions d’Eurotunnel font état d’un “chiffre d’affaires en forte hausse en 2006 à 670,4 millions de livres (sur la base d’une livre à 1,4 euro), contre 563,2 en 2005, suivie d’une nette chute en 2007 (525,6), puis d’une lente remontée en 2008 (536,8) et 2009”.

Le chiffre d’affaires “attendu pour 2009 serait de 555,2 millions de livres, quasiment égal à celui de 2004”, selon le journal.

“Des chiffres moins enthousiastes mais plus proches de la réalité” sur lesquels “tout le monde est tombé d’accord”, a reconnu un porte-parole d’Eurotunnel, en expliquant que “pour mener à bien sa restructuration financière, Eurotunnel devait s’appuyer sur des propositions acceptées par tous”.

Le cash-flow d’exploitation après investissement est estimé à 238,8 millions de livres pour 2007 et devrait atteindre 257,3 millions de livres en 2009.

SGE.IGQ81.031106185034.photo01.quicklook.default-189x245.jpg
Jacques Gounon, PDG d’Eurotunnel, le 17 juin 2005 à Coquelles dans le nord de la France (Photo : Denis Charlet)

“Si ce plan – dont les intérêts sont estimés à 210 millions de livres par an – est adopté, l’entreprise disposera d’un peu plus de 50 millions de livres de cash-flow pour investir”, a indiqué le porte-parole d’Eurotunnel.

“Ces chiffres étaient déjà en filigrane. C’est la conclusion logique pour cette “dernière restructuration financière de grande ampleur”, a indiqué pour sa part à l’AFP un analyste, sous couvert d’anonymat.

Eurotunnel se devait de “prendre des hypothèses réalistes”, a-t-il ajouté d’autant que, désormais, “les parts de marché tunnel/ferries se sont stabilisées”.

Le vote des créanciers sur ce plan proposé par la direction d’Eurotunnel doit intervenir fin novembre ou début décembre. “Si les créanciers rejettent ce plan, l’entreprise ira obligatoirement en redressement judiciaire”, a averti Jacques Gounon, PDG d’Eurotunnel, qui a cependant exprimé son optimisme quant à l’issue positive du vote.

Si toutes les conditions sont remplies, M. Gounon espère avoir finalisé la restructuration financière à la fin du premier trimestre 2007 et mise “sur une restructuration totalement achevée dans trois ans”.

Le plan prévoit de réduire la dette – dont les intérêts sont évalués à environ 150 millions de livres par an (223 millions d’euros) – de plus de 54% pour la faire passer à environ 4,16 milliards d’euros, sous forme d’un emprunt bancaire sur 40 ans.

Cette dette unique viendra remplacer les créances actuelles et sera financée par un pool bancaire, soit Goldman Sachs associée à Deutsche Bank, soit Citigroup, selon l’issue des négociations en cours.

Eurotunnel propose aussi l’émission d’obligations remboursables en actions (ORA) pour un montant total de 1,87 milliard d’euros, dont près de 62% rachetables par le groupe.

Ces obligations, proposées aux prêteurs en échange de l’abandon de leurs créances, seront convertibles sur environ trois ans à partir de la deuxième année d’émission. Concernant les actionnaires, le groupe maintient sa volonté de leur garantir au moins 13% du capital, une part qui pourrait aller jusqu’à 67%.

 03/11/2006 18:52:27 – © 2006 AFP