Economie au beau fixe et gouvernement à la peine en Allemagne

 
 
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Angela Merkel devant la Chancellerie à Berlin, le 2 novembre 2006 (Photo : Michael Kappeler)

[04/11/2006 11:10:38] BERLIN (AFP) Les bonnes nouvelles ont été légion sur le front économique en Allemagne cette semaine, culminant avec l’annonce vendredi d’une manne fiscale de près de 40 milliards d’euros, autant de développements réjouissants que les Allemands sont toutefois réticents à attribuer à Angela Merkel et son gouvernement.

Chômage, déficit, recettes fiscales: en deux jours, l’économie allemande, qui fonctionne en sous-régime depuis plusieurs années, a pu se croire revenue à l’âge d’or pré-Réunification.

Le chômage a été le plus maigre pour un mois d’octobre depuis la Réunification; les recettes fiscales, dopées par la reprise économique et le recul du nombre de sans-emploi, seront les plus élevées cette année depuis la Réunification; et le déficit budgétaire de l’Etat atteindra en 2007 son plus bas… depuis la Réunification.

Ces nouvelles sont l’aboutissement de plusieurs mois d’évolution positive, marquée par une décrue graduelle du chômage, un regain des investissements des entreprises et de la consommation des ménages, une santé éclatante des exportations.

Le personnel politique se congratule. Jeudi le ministre de l’Emploi Franz Müntefering jugeait qu’il avait “toutes les raisons de (se) réjouir” de l’évolution du marché du travail, vendredi le chargé du budget de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) parlait d’un “grand jour pour la grande coalition” à l’annonce de recettes fiscales qui vont excéder de 40 milliards d’euros les dernières estimations cette année et l’an prochain. “Une bonne nouvelle pour les citoyennes et les citoyens”, renchérissait le ministre des Finances social-démocrate Peer Steinbrück.

Mais les citoyennes et citoyens en question ne semblent pas de cet avis, et leur ingratitude se manifeste dans des sondages en chute libre pour la chancelière et son gouvernement. 83% des Allemands ne sont “pas trop ou pas du tout satisfaits” du travail de l’équipe au pouvoir, révélait un sondage publié par l’hebdomadaire Der Spiegel lundi, et 66% d’entre eux n’arrivent pas à se faire une image précise des objectifs politiques de Mme Merkel et ses collègues.

Et, comble de l’humiliation, malgré la bonne santé économique et financière dont son gouvernement s’attribuerait bien la paternité, Mme Merkel est jugée comme s’y connaissant moins bien en économie que son prédécesseur Gerhard Schröder par 53% des personnes interrogées pour ce même sondage.

“Il n’est pas toujours facile de comprendre les Allemands”, commentait Holger Schmieding, économiste de la Bank of America: “alors que l’économie est à son mieux depuis près de six ans, la popularité du gouvernement Merkel est descendue à de nouveaux planchers”.

Pourtant, relève-t-il, près d’un an après son arrivée au pouvoir, le gouvernement ne fait pas que cueillir les fruits de la croissance. Avec le projet de refonte du système de santé, bouclé le mois dernier, et celui finalisé jeudi de taxation des entreprises, ce sont deux réformes majeures qui ont été mises sur les rails.

Dans les deux cas, l’accouchement s’est toutefois fait tellement dans la douleur, et au prix de tant de discussions internes et de controverses stériles, que les projets ne sont pas perçus comme une avancée véritable. Et le gouvernement donne l’image d’une troupe “qui répare et qui rapièce” plutôt que de façonner, notait Der Spiegel dans sa dernière édition, décrivant l’équipe au pouvoir comme la “coalition des faibles”.

 04/11/2006 11:10:38 – © 2006 AFP