Wall Street franchit un nouveau pas vers l’électronique

 
 
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Des visiteurs regardent des courtiers à la Bourse de New York, le 18 octobre 2006 (Photo : Mario Tama)

[04/11/2006 13:27:16] NEW YORK (AFP) En annonçant la fermeture d’une de ses salles de marché d’ici à 18 mois, la Bourse de New York franchit un nouveau pas vers l’électronisation des échanges, dans un contexte de forte concurrence mondiale et de réduction de coûts.

Le New York Stock Exchange (NYSE) va fermer une de ses cinq salles de marché d’ici à un an et demi, a-t-il indiqué mercredi, une décision rendue possible grâce à des “gains de productivité technologiques”.

“La Bourse de New York est de plus en plus focalisée sur des réductions de coûts, elle va sûrement fermer d’autres salles à l’avenir, c’est inévitable”, a réagi Richard Repetto, analyste de Sandler O’Neill & Partner.

“Les Bourses mondiales sont presque toutes passées aux échanges électroniques, la meilleure manière de réduire les coûts n’est pas de conserver d’énormes salles de marchés”, dit-il.

Dernière grande place financière mondiale à fonctionner par un système d’enchères à la criée, la Bourse de New York voit ses parts de marché grignotées par des systèmes d’échanges électroniques plus rapides et moins coûteux.

Elle a tenté ces dernières années de renverser cette tendance en rachetant en 2005 la plate-forme électronique d’échanges Archipelago. Son projet de fusion avec Euronext s’inscrit dans la même veine: profiter de l’avance technologique du groupe boursier paneuropéen pour sauvegarder sa suprématie mondiale.

Depuis 2005, le NYSE a également lancé un système d’échanges dit “hybride”, destiné à combiner les avantages du courtage manuel et électronique, qui permet aux courtiers de passer eux-mêmes un ordre sans l’intermédiaire des teneurs de marché.

Selon le NYSE, le traitement d’un ordre dans le nouveau système serait réduit de neuf secondes à trois centièmes de seconde, une manière d’augmenter le nombre de transactions passées quotidiennement sur le marché.

“Je peux désormais traiter 10 ordres à la fois, sans avoir besoin de marcher et de parler à un teneur de marché”, se réjouit Stephen Porpora, l’un des 1.200 courtiers qui arpente chaque jour le “plancher”.

Ces évolutions font craindre à certains la disparition complète de ce plancher, comme cela est déjà le cas dans la plupart des grandes places financières.

“Les spécialistes souffrent, leur métier est menacé, c’est une mort à petit feu qui les attend”, prévient un analyste.

Une intention dont se défend pourtant John Thain, le PDG du NYSE depuis 2003: “On aura toujours besoin d’un plancher avec des teneurs de marché”, jugeait-il dans un récent entretien au Financial Times.

Grâce au plancher, “nous donnons la possibilité aux investisseurs d’obtenir un meilleur prix et nos actions sont moins volatiles que sur un marché totalement électronique”, soulignait M. Thain.

En achetant ou vendant des actions à leur propre compte, ces “spécialistes” régulent en effet le marché et réduisent la volatilité des actions. Ils permettent aussi au client d’obtenir un meilleur prix si le nombre d’actions proposées se révèle disproportionné face à la demande.

“Les gros clients institutionnels veulent une exécution toujours plus rapide des transactions”, reconnaît un spécialiste sous couvert d’anonymat.

“Il est certain que le nombre de teneurs de marché va se réduire petit à petit, mais on en aura toujours besoin. La vraie question est: y aura-t-il encore un +plancher+ physique d’ici à quelques années?”, dit-il.

D’autres marchés américains, tel que le Chicago Mercantile Exchange (CME), font cohabiter depuis plusieurs années échanges électroniques et plancher physique.

“Au final, c’est le meilleur modèle qui l’emportera”, estime M. Repetto. “Si pour être compétitif, le NYSE a besoin d’une intervention humaine, le plancher perdurera. Sinon ils le fermeront”.

 04/11/2006 13:27:16 – © 2006 AFP