[05/11/2006 11:45:18] PEKIN (AFP) La Chine et l’Afrique se sont engagés dimanche à renforcer leurs liens politiques et économiques à l’issue de leur sommet à Pékin, occasion pour le géant asiatique de rappeler au monde entier qu’il faudra désormais compter avec lui sur le continent noir. La plus grande réunion diplomatique jamais organisée par la Chine, signe de l’importance que la quatrième économie mondiale accorde désormais à l’Afrique, s’est conclue par l’adoption d’une déclaration et d’un nouveau plan d’action pour la période 2007-2009. La déclaration met en avant “l’égalité politique, la confiance mutuelle, la coopération économique gagnant-gagnant et les échanges culturels”, a indiqué le président chinois Hu Jintao, en lisant le texte “adopté à l’unanimité”. Le document demande aussi aux pays riches de “tenir de leurs engagements” sur l’ouverture de leurs marchés, l’aide financière et l’allègement de la dette. Plus de 40 chefs d’Etat et de gouvernement de 48 pays invités avaient fait le déplacement pour cette troisième édition depuis 2000 du du Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FCCA), médiatisée à Pékin comme un congrès du Parti communiste.
Dès samedi, à l’ouverture de cette grand-messe inédite en Chine, le président Hu avait annoncé une série de mesures pour l’Afrique : doublement de l’aide financière sur trois ans, annulation d’une partie de la dette, prêts à taux préférentiels etc… Dimanche, 16 accords commerciaux ont été signés, d’un montal total de 1,9 milliard de dollars. Aucun véritable contrat de poids certes, mais une volonté de diversification des secteurs, aux quatre coins du continent, symbole d’un engagement commercial qui s’annonce durable. Ancienne terre de conquête politique dans les années 60, l’Afrique est de plus en plus pour la Chine une formidable source d’approvisionnement en énergie, qu’il faut nécessairement choyer. L’accueil exceptionnel réservé aux délégations du sommet dans un Pékin aux couleurs africaines a été à l’image de l’offensive diplomatique lancée par la Chine ces dernières années. Il est peu de pays africains que les plus hauts dirigeants chinois n’aient visités entre 2005 et 2006. “Les Chinois tentent d’approfondir leurs relations avec tous les pays d’Afrique”, commente David Zweig, spécialiste des relations internationales, basé à Hong Kong. Cinq pays d’Afrique ont encore des relations avec Taïwan, que Pékin considère comme une île rebelle. Le chef de la diplomatie chinoise, Li Zhaoxing, a souhaité dimanche qu’ils “respectent le principe d’une seule Chine”.
La Chine est d’autant mieux accueillie en Afrique qu’avec sa politique de “non-ingérence”, elle ne pose peu ou pas de conditions à ses relations avec des pays pointés du doigt en Occident, tels le Soudan ou le Zimbabwe, représentés au sommet de Pékin par leurs présidents. La coopération économique a d’ailleurs dominé ce sommet qui a, semble-t-il, éludé les questions embarrassantes, comme la situation humanitaire catastrophique au Darfour. “Les dirigeants chinois ne l’admettent pas publiquement mais, en quelque sorte, leur attitude défie les positions du Fonds monétaire international ou des Etats-Unis sur les conditions pour l’attribution des aides”, estime David Zweig. Et si des voix s’élèvent en Afrique pour s’inquiéter d’une présence économique et commerciale chinoise pas toujours bien vue par les populations locales, beaucoup de dirigeants africains se félicitent de cet engagement. “Les pays africains cherchent toutes les opportunités commerciales possibles, ils veulent vendre leurs ressources naturelles, ils veulent des prêts, ils veulent des projets d’infrastructure”, explique M. Zweig. Le prochain sommet Chine-Afrique aura lieu dans trois ans en Egypte. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao parie qu’à cette date, le commerce bilatéral approchera 100 milliards de dollars, le double de celui prévu en 2006. |
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