[07/11/2006 21:33:56] BERLIN (AFP) Le premier constructeur automobile européen, l’allemand Volkswagen, a annoncé mardi le départ surprise de son patron, Bernd Pischetsrieder, sur fond de désaccord à la direction du groupe sur la stratégie à suivre et les restructurations. “Le présidium du conseil de surveillance de Volkswagen (ndlr: l’organe restreint du conseil) et le président du directoire, Bernd Pischetsrieder, se sont mis d’accord sur sa démission, effective à compter du 31 décembre”, a indiqué Volkswagen mardi soir dans un bref communiqué. Le conseil de surveillance devrait entériner la décision au cours de sa prochaine réunion ordinaire, le 17 novembre. Bernd Pischetsrieder, 58 ans, dirigeait le groupe allemand depuis septembre 2001. Il sera remplacé par Martin Winterkorn, patron de la filiale haut de gamme Audi. Le départ de M. Pischetsrieder était inattendu. Son contrat avait été prolongé de cinq ans au printemps, jusqu’en avril 2012. Selon la chaîne de télévision publique allemande ARD, qui cite des sources proches de l’entreprise, M. Pischetsrieder aurait été poussé vers la sortie par le président du conseil de surveillance, Ferdinand Piëch, et les représentants des salariés, qui contrôlent la moitié des mandats à l’organe de contrôle. Au début de l’année, la rumeur d’un départ de M. Pischetsrieder avait déjà couru en raison de l’opposition d’une partie des salariés, traditionnellement très puissants dans l’entreprise, à la restructuration menée actuellement chez le constructeur. Volkswagen, qui doit faire face à des salaires très élevés comparé à la concurrence et des difficultés sur les marchés américains et chinois, a accumulé les revers ces dernières années. Pour redresser la barre, le groupe a annoncé cet hiver la suppression d’ici à trois ans de 20.000 emplois en Allemagne. Et selon la presse, il pourrait supprimer dans les prochaines semaines 2.400 emplois supplémentaires en Europe, notamment en Belgique et au Portugal. Enfin en septembre, le groupe de Wolfsburg (nord) a augmenté le temps de travail dans ses usines déficitaires de l’ouest de l’Allemagne. Ces mesures sévères ont permis de redresser en partie les résultats même si le chemin reste encore long pour que l’inventeur de la “Coccinelle” et de la Golf retrouve sa gloire passée. Plombé par les charges de restructuration, le bénéfice net a dévissé au troisième trimestre à 23 millions d’euros contre 282 millions un an plus tôt. Bernd Pischetsrieder devait surtout faire face aux critiques récurrentes du président du conseil de surveillance. Considéré comme le véritable homme fort de Volkswagen, Ferdinand Piëch, prédécesseur de M. Pischetsrieder à la tête de VW, ne cachait pas en privé son impatience devant la lenteur du redressement du groupe. Selon un analyste, le conflit entre les deux hommes se serait envenimé ces dernières semaines dans le contexte de l’offre d’achat du conglomérat allemand MAN, dont Volkswagen est le premier actionnaire avec 20% du capital, sur le fabricant de camions suédois Scania. Ferdinand Piëch, membre de la famille Porsche, premier actionnaire de Volkswagen, serait favorable à un engagement très fort de VW dans une alliance à trois alors que Bernd Pischetsrieder voulait limiter les investissements dans les poids lourds. Les analystes voient également l’empreinte de Ferdinand Piëch dans la nomination de son successeur: Martin Winterkorn, 59 ans, est considéré comme l’un de ses proches. Son nom était régulièrement cité dans l’hypothèse d’un départ anticipé de M. Pischetsrieder. La tâche qui l’attend est lourde. Mais Martin Winterkorn peut se prévaloir de la santé éclatante d’Audi: la division Audi (marques Audi, Seat, Lamborghini) a dégagé un confortable bénéfice d’exploitation au troisième trimestre de 1,2 milliard d’euros, en hausse de 21% sur un an. |
||
|
