EADS encaisse le premier choc financier des retards de l’A380

 
 
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Les deux présidents exécutifs d’EADS, Thomas Enders (d) et Louis Gallois, au siège d’EADS à Paris le 4 juillet 2006 (Photo : Gilles Bassignac)

[08/11/2006 15:41:25] PARIS (AFP) Le géant européen de l’aéronautique et de la défense EADS a encaissé mercredi le premier choc financier lié aux retards de l’A380 en inscrivant un milliard d’euros de charges qui font plonger ses comptes trimestriels dans le rouge pour la première fois depuis trois ans.

Dominique de Villepin a annoncé mercredi à l’Assemblée qu’il se rendrait mardi à Toulouse pour “trouver les solutions” aux problèmes du constructeur aéronautique Airbus, affirmant que le gouvernement ne laisserait “tomber ni Airbus, ni les salariés”.

“Nous ne laisserons tomber ni Airbus, ni les salariés, ni les PME qui travaillent dans cette filière”, a déclaré le Premier ministre à l’Assemblée nationale, répondant à une question du socialiste Jean-Marc Ayrault.

“Je recevrai dès la semaine prochaine le président (d’EADS) Louis Gallois. Je me rendrai mardi prochain à Toulouse pour trouver les solutions”, a-t-il déclaré devant les députés.

EADS a enregistré une perte nette de 195 millions d’euros au troisième trimestre, contre un bénéfice de 279 millions un an plus tôt. Sur neuf mois, les résultats baissent d’un tiers avec un bénéfice opérationnel (EBIT) de 1,399 milliard et un bénéfice net de 848 millions.

L’action EADS était pourtant en hausse mercredi à la mi-journée de 2,52% à 21,18 euros, dans un marché en baisse de 0,52%, les pertes annoncées n’ayant pas surpris le marché. La Bourse de Paris a en outre salué la vive progression du chiffre d’affaires (27,469 milliards sur neuf mois, +17%), selon des analystes.

“Les résultats (…) reflètent un niveau élevé de livraisons à travers le groupe ainsi qu’un aperçu des défis à venir”, a résumé le groupe mercredi matin dans un communiqué.

EADS, qui a annoncé un retard de deux ans de son programme vedette d’avion géant le 3 octobre, a inscrit dès ce trimestre une charge liée à l’A380 réduisant l’EBIT d’un milliard d’euros, a précisé le directeur financier du groupe Hans-Peter Ring lors d’une audioconférence.

Cette charge représente l’essentiel des 1,1 milliard de perte d’EBIT imputables à l’A380 sur l’ensemble de 2006, et anticipe une part significative de la perte de 2,8 milliards prévue entre 2006 et 2010 du fait des retards de l’avion.

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Un A380 au décollage, le 4 octobre 2006 à Toulouse (Photo : Eric Cabanis)

M. Ring, également directeur financier d’Airbus depuis une semaine, a relativisé les pertes annoncées en indiquant “qu’hors effet A380, l’EBIT aurait progressé de 14%”.

Le groupe a confirmé sa prévision de croissance du chiffre d’affaires pour 2006 “qui dépassera 37 milliards d’euros (34,2 milliards en 2005)”, sur la base de 430 livraisons d’Airbus et “d’importantes contributions de ses activités hélicoptères, défense et espace”.

“Les finances d’EADS restent solides (…) cependant l’effort engagé pour résoudre les problèmes de l’A380 pèse lourdement”, ont déclaré les deux présidents exécutifs d’EADS, Thomas Enders et Louis Gallois. Ils relèvent aussi l’impact de la baisse du dollar –750 millions d’euros sur neuf mois et environ un milliard sur l’ensemble de l’année, selon M. Ring.

Les deux patrons insistent sur la nécessité de “mesures draconiennes pour rester concurrentiel”, en soulignant que le programme de redressement d’Airbus +Power 8+ (rationalisation des achats et des sites industriels, réduction des effectifs) est la “priorité”.

Le communiqué confirme l’objectif d’une économie de trésorerie cumulée de 5 milliards d’euros d’ici à 2010 et “d’économies annuelles durables d’au moins 2 milliards à partir de 2010”.

Au lendemain de l’annulation par le groupe américain de messagerie et de colis FedEx de la commande de 10 A380 cargo, il a indiqué que le groupe avait “besoin d’une reconfirmation des commandes des deux autres clients UPS (10 avions) et ILFC (5) pour savoir s’il poursuit le développement de cette version”. De source proche du dossier, on se refuse à envisager un abandon, “tout au plus un gel”.

EADS a confirmé que “le conseil d’administration devrait prendre dans les prochaines semaines une décision à l’égard de l’avenir des appareils de type A350 XWB”, le long courrier destiné à concurrencer le 787 de Boeing.

En cas de lancement de ce programme de 10 milliards d’euros, EADS devra inscrire une charge de 800 millions environ sur ses comptes du 4e trimestre, a dit M. Ring.

En raison de toutes ces incertitudes, EADS ne devrait pas faire de nouvelles prévisions de résultat avant la fin de l’année, a indiqué M. Ring.

 08/11/2006 15:41:25 – © 2006 AFP