Carte d’allocation touristique : pour quoi faire ?
Nous
apprenons selon des sources de presse de la place, que nos
banques vont bientôt nous offrir la possibilité d’avoir une carte
d’allocation touristique. Cette carte nous permettra, lors de nos voyages,
de l’utiliser à la place du cash à concurrence du montant permis par
l’allocation touristique (2.000 dinars par an et plafonnée à 4000 DT).
L’initiative est des plus belles, mais il se trouve, quand on voit les
détails de ce projet (car il ne s’agit encore que d’un projet), qu’elle
n’est pas aussi belle que cela puisse paraître.
Selon les deux médias (au moins) qui ont rapporté l’information, et dont on
ne peut douter de leur crédibilité vu leur expérience dans le métier de la
presse et dans le secteur de l’économie, la carte ne servira qu’au retrait
dans les distributeurs automatiques des pays étrangers. Aucune possibilité
de paiement au magasin ou à l’hôtel ou même d’en user comme garantie pour la
réservation. Aucune possibilité non plus d’effectuer des achats à partir de
sites de commerces électroniques. Last but not least, l’utilisation de la
carte coûtera au client 5% à chaque transaction !
En attendant que les sources officielles (les banques ou leur association
professionnelle) daignent bien appliquer les normes internationales de la
communication et nous donner davantage d’informations sur ce projet, nous
nous interrogeons sur les raisons qui ont poussé les décideurs économiques
et financiers à mettre autant de restrictions pour l’usage de cette carte.
Il ne nous sépare plus beaucoup de temps de l’ouverture totale de l’économie
tunisienne. La question de la convertibilité du dinar est mise sur le tapis
et ne saurait tarder. Le Président Zine El Abidine Ben Ali l’a souligné à
plus d’une reprise lors de son discours prononcé à l’occasion du 19ème
anniversaire du Changement, le 7 Novembre dernier.
La Banque centrale s’active le plus sérieusement pour nous faire vivre ce
jour de la convertibilité du dinar.
Sur un autre plan, le Président de la République n’a de cesse d’encourager
l’utilisation de nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Pourquoi alors, à la lumière de toutes ces données, utiliser
une carte bancaire et la restreindre au simple retrait dans un DAB d’un pays
étranger? Pourquoi ne peut-on pas l’utiliser pour payer son hôtel, ses
courses dans un supermarché à l’étranger, pour louer une voiture ailleurs ?
Pourquoi nous restreindre cet usage en empêchant le citoyen tunisien de
faire ses emplettes par Internet à partir d’une allocation touristique ? Pourquoi obliger le Tunisien à trimballer du cash
sur lui puisqu’il ne peut supporter une commission de 5% ? Y a-t-il beaucoup
de différence entre obtenir du cash à partir du box de la banque de
l’aéroport à Tunis ou d’un DAB à l’étranger ? De quoi ont peur les
autorités financières ? N’ont-ils pas confiance dans le porteur d’une carte
pourtant adossée à un compte bancaire en Tunisie ?
On aurait bien accepté la commission de 5% si on pouvait payer avec cette
carte l’hôtel, le magasin et le free-shop (comme toutes les personnes qui
ont droit à une carte bancaire internationale), mais dans le projet actuel
tel qu’il est, on a une carte valable à l’étranger sans qu’elle ne soit
internationale ! C’est tout le paradoxe de ce projet dont on espère ne voir
jamais le jour dans sa mouture actuelle.
Pourquoi alors, tout bonnement, cette carte si elle ne sert qu’à retirer de
l’argent ? La commission de change ne suffit-elle pas aux banques pour
chercher à avoir 5 autres pour cent ? Les guichetiers de nos banques
sont-ils fatigués de nous faire le change pour nous envoyer le faire
ailleurs ? A moins que les informations que nous avons lues soient erronées
! Puisqu’il est encore temps de changer de projet, alors, SVP ne nous mettez
pas devant le fait accompli en nous proposant un énième produit qui ne nous
servira pas !