Energie : la frénésie d’achats se poursuit avec Iberdrola-Scottish Power

 
 
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Le vice-président du groupe espagnol Iberdrola, Ignacio Sanchez Galan, le 9 septembre 2006 à Madrid (Photo : Bru Garcia)

[09/11/2006 12:13:22] PARIS (AFP) La frénésie d’achats en Europe dans le secteur de l’électricité se poursuit sans relâche, le numéro deux espagnol Iberdrola semblant prêt à son tour à se lancer dans la bataille en jetant son dévolu sur le britannique Scottish Power pour 17 milliards d’euros.

Le groupe espagnol, fort de ses juteux bénéfices, a indiqué jeudi étudier “plusieurs possibilités et opportunités d’investissement sur le marché”, sans vouloir être plus précis.

Mais selon la presse espagnole la cible est clairement identifiée: le britannique Scottish Power, qui avait déjà fait l’objet d’une tentative d’OPA avortée du géant allemand E.ON il y a un an. Dès mercredi, Scottish Power avait révélé avoir été approché en vue d’un achat sans dévoiler l’identité du candidat.

Scottish Power, qui fournit 5,1 millions de clients en gaz et en électricité au Royaume-Uni, a vu son action bondir de presque 19% à l’annonce de la nouvelle, atteignant un record historique. En termes de part de marché, il est le numéro cinq national du gaz (9%) et le numéro six de l’électricité (13%).

Jeudi, peu après l’ouverture, le titre Iberdrola reculait de 2,69%.

Les deux groupes fusionnés disposeraient d’actifs d’une valeur de 50 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 21 milliards d’euros et avec 23 millions de clients, selon la banque Fortis.

“Scottish Power est une cible depuis longtemps”, explique à l’AFP Colette Lewiner, directrice énergie du cabinet Capgemini.

“Cette annonce pourrait siffler le coup d’envoi d’un vrai combat pour contrôler Scottish Power”, selon des analystes de Santander Investment.

“De tout façon, l’équation est simple: à terme, il y aura au mieux six grands acteurs européens du secteur. Tous se disent qu’ils doivent grossir pour avoir une place”, analyse Guillaume Bousson, spécialiste Energie du cabinet Eurogroup.

“Parmi eux, il y aura E.ON, EDF, Suez-GDF, sûrement Enel (Italie), qui pour l’instant est seul, et donc les Espagnols qui tentent aussi”, ajoute-t-il.

La nécessité de croître se justifie, selon lui, “par le poids financier des investissements de capacité de production et du renforcement des réseaux”.

L’Espagne, avec ses opérateurs rentables, mais de taille moyenne, tente depuis des années de se doter d’un champion énergétique et elle se retrouve, une fois de plus au coeur de la mêlée dans la grande bataille électrique européenne.

Depuis la fin des années 90, il y eu pas moins de six tentatives de concentration dans le pays. Et depuis fin 2005, le premier électricien du pays, Endesa, est très convoité.

Il l’a été d’abord par son concurrent espagnol Gas Natural, dans le cadre d’une tentative de créer un champion national avec l’assentiment du gouvernement, puis plus récemment par l’Allemand E.ON qui désormais tient la corde.

La semaine dernière, Madrid, après avoir mis des bâtons dans la roues du groupe allemand, a en partie cédé face à la pression de la Commission européenne et levé l’un des principaux obstacles à l’OPA d’E.ON.

Si elle se confirmait, l’offre d’Iberdrola sur Scottish Power illustrerait un changement de stratégie des groupes espagnols, prêts à l’offensive désormais hors d’Espagne.

“Cela pourrait vouloir dire que les Espagnols renonceraient à se faire un champion national”, estime Mme Lewiner.

De plus, le projet Iberdrola-Scottish Power ne serait pas dénué d’intérêt stratégique, selon une source proche du dossier: “Iberdrola, co-actionnaire de plusieurs centrales nucléaires en Espagne, jouit d’un savoir faire en la matière, et comme Londres veut renouveler son parc vieillissant, il y a un intérêt à bien se positionner”.

 09/11/2006 12:13:22 – © 2006 AFP