USA : la Chine et ses importations bon marché, casse-tête pour les démocrates

 
 
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Un camion dans le port de Los Angeles (Photo : David McNew)

[09/11/2006 20:03:11] WASHINGTON (AFP) La Chine a représenté plus du tiers du déficit commercial des Etats-Unis en septembre, et les démocrates nouvellement élus auront du mal à contrer cette dépendance des importations à bas prix, même si elle est porteuse de délocalisations d’emplois.

Le déficit s’est réduit à 64,3 milliards de dollars en septembre, soulagé par la décrue des prix du pétrole, après le record de 69 milliards atteint en août.

A première vue, les tendances à l’oeuvre sont très encourageantes: une baisse des importations après six mois de hausse consécutifs (-2,1% à 187,5 milliards de dollars) conjuguée à une progression des exportations à un niveau record (+0,5% à 123,2 milliards).

La réduction du déficit s’explique essentiellement par la chute des cours du pétrole, qui ont fait reculer de 3,6 milliards de dollars les importations de matières premières et de fournitures industrielles.

Mais le rapport souligne aussi la dépendance structurelle des Etats-Unis vis-à-vis des importations chinoises. Le déficit envers la Chine s’est creusé de 4,6% à 23 milliards de dollars, un niveau record qui représente plus du tiers du déficit total.

“Je ne suis pas sûr qu’on puisse ni qu’on doive essayer d’y changer grand chose, mais c’est un problème politique potentiel”, estime Nigel Gault du cabinet Global Insight.

En effet si l’économie américaine vient à ralentir “les homme politiques vont chercher des boucs émissaires”, ajoute l’économiste.

La Chine est régulièrement vilipendée par les industriels qui accusent Pékin de donner un avantage déloyal à ses propres entreprises en maintenant sa monnaie sous-évaluée.

“Cela rend les exportations chinoises artificiellement bon marché aux Etats-Unis et les produits américains trop chers en Chine”, souligne Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland.

Selon lui, la sous-évaluation du yuan revient à subventionner toutes les exportations chinoises de 25% environ.

Ce protectionnisme déguisé est critiqué aux Etats-Unis comme étant une cause majeure de délocalisations d’emplois dans l’industrie.

Et cela a sans doute pesé dans la victoire des démocrates au Congrès.

“Un grand nombre des sièges que les républicains ont perdu, dans des Etats comme l’Indiana, la Pennsylvanie et l’Ohio, l’ont été en grande partie du fait de la persistance des transferts d’activité vers la Chine”, estimait au lendemain de l’élection John Lonski de Moody’s Investors Service.

L’un des plus ardents détracteurs de la politique commerciale chinoise est le sénateur démocrate Charles Schumer, qui parle depuis des mois de faire voter un texte imposant des droits de douane de 27,5% à la Chine si elle ne réévalue pas sa monnaie.

En septembre cependant, M. Schumer avait accepté de remettre à l’an prochain l’examen de ce projet de loi.

Mais les démocrates risquent de ne pas avoir beaucoup de prise sur le problème, notamment du fait de la cohabitation avec un président républicain.

La Chine “sera sans doute un thème plus important dans le futur Congrès, mais de là à dire que cela se traduire en actes… le président Bush peut apposer son veto à tout texte qu’il jugerait protectionniste”, souligne M. Gault.

Autre moyen de pression, la menace d’une condamnation par le biais du rapport sur les taux de changes risque de tomber à plat elle aussi, car “c’est un rapport qui dépend du Trésor et cela n’est pas contrôlé par le Congrès”, souligne M. Gault.

 09/11/2006 20:03:11 – © 2006 AFP