Pétrole cher et gaz précaire augurent du retour du “roi Charbon”

 
 
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Une usine de production d’électricité à Leeds au Royaume-Uni, en octobre 2006 (Photo : Paul Ellis)

[09/11/2006 17:16:09] PARIS (AFP) La flambée des prix du pétrole et les incertitudes récurrentes sur l’approvisionnement en gaz préparent le retour du “roi Charbon” en France, comme en témoignent le dépôt de deux offres concurrentes en quelques semaines pour exploiter un gisement dans la Nièvre.

Le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, l’a encore affirmé jeudi matin au quotidien 20 minutes, en disant qu’en matière d’investissements de production, le nucléaire était “la seule solution, avec le charbon”.

La veille, c’était Daniel Caille, ancien haut dirigeant de Vivendi, qui déclarait à l’AFP avoir déposé un dossier pour exploiter un gisement de charbon de Lucenay-lès-Aix/Cossaye (Nièvre), quelques semaines après le président du groupe d’exploration pétrolière Maurel & Prom, Jean-François Hénin.

Tous deux projettent d’installer une centrale électrique alimentée par la mine.

“Le charbon est un enjeu capital. On peut arriver à en faire en France, de manière le plus compatible possible avec l’environnement et dans des conditions économiques bonnes”, assure M. Caille.

Le charbon, première source d’énergie du monde occidental depuis la révolution industrielle et jusqu’aux années 60, serait-il en train de faire son retour en France, depuis la fermeture des houillères dans les années 80 et alors que Charbonnages de France sera dissout fin 2007 ?

La dernière mine de charbon française a fermé en avril 2004.

“C’est une énergie fossile dont on aura des ressources beaucoup plus longtemps que le pétrole et le gaz”, relève pour sa part Guillaume Bousson, spécialiste de l’énergie au cabinet Eurogroup.

Le pétrole est cher et son horizon incertain. Quant au gaz, il dépend de la volonté des grands fournisseurs, comme l’illustrent régulièrement les tensions avec la Russie.

En revanche, “le charbon, il y en a encore en Europe et il est facile d’exploitation”, fait remarquer le député UMP, François-Michel Gonnot, président du club Energies et développement.

D’autant que les technologies ont évolué, étant donné que le caillou noir a continué d’occuper une place essentielle dans le “mix énergétique”, notamment aux Etats-Unis.

“Le charbon pour produire de l’électricité est en train de revenir de manière assez importante dans le monde, avec beaucoup de projets de développements”, souligne Colette Lewiner, directrice Energie du cabinet CapGemini.

Les Etats-Unis, qui ont d’importantes réserves, en utilisent encore et financent des programmes de développement pour rendre le charbon plus “propre”, notamment en développant le stockage du dioxyde de carbone (CO2), une technologie pas encore au point.

Environ 70% de l’électricité chinoise provient de centrales à charbon.

“L’avenir du monde c’est le charbon”, prédit M. Gonnot.

EDF a une minuscule production charbon, assurée par des centrales qui ont pour la plupart plus de 30 ans. Mais “il y a des projets pour les moderniser”, a déclaré à l’AFP une porte-parole d’EDF.

Reste à savoir comment la population goûtera l’ironie de voir des entrepreneurs privés se battre pour un gisement de charbon après l’interminable et très coûteuse agonie des houillères françaises, sans compter les interrogations sur l’impact pour l’environnement.

L’entreprise publique Charbonnages de France, chargée de liquider les houillères sera dissoute le 31 décembre 2007, laissant une dette à la charge de l’Etat de près de 4,5 milliards d’euros.

 09/11/2006 17:16:09 – © 2006 AFP