[09/11/2006 17:54:17] MUNICH (AFP) Le patron de Siemens Klaus Kleinfeld, dont la stratégie est plus que jamais contestée après la débâcle autour des téléphones portables cédés au taïwanais BenQ, commence pourtant à encaisser les bénéfices de sa refonte du groupe, annoncée jeudi comme pratiquement achevée. Au quatrième trimestre de son exercice décalé clos fin septembre, Siemens a dégagé un bénéfice net de 614 millions d’euros, contre 77 millions un an plus tôt, où il avait été plombé par des charges exceptionnelles. Le bénéfice d’exploitation (Ebit) a grimpé de 35% sur un an à 1,251 milliard, le chiffre d’affaires de 8% à 23,923 milliards. Sur l’ensemble de l’exercice, le bénéfice net a crû de 38%, le chiffre d’affaires de 16%. A la Bourse de Francfort, l’action s’envolait de 3,66% à 74,45 euros vers 14H15 GMT, en tête de l’indice vedette Dax, en légère hausse de 0,14% à la même heure. Le dernier trimestre a pourtant été marqué par une mauvaise surprise: le bénéfice d’exploitation de la division d’équipements pour les centrales électriques Power Generation, une des stars du groupe, a chuté de 43% sur un an. Siemens invoque plusieurs éléments exceptionnels. Le directeur financier Joe Kaeser a vu en particulier un motif d’insatisfaction dans la baisse du bénéfice d’une société commune avec le français Areva dans les centrales nucléaires. Areva a invoqué des retards dans la construction d’une centrale nouvelle génération EPR en Finlande. La cession éventuelle par Siemens de ses 34% est toutefois “une question qui ne se pose pas”, a assuré M. Kaeser. Les deux enfants à problème du groupe, la téléphonie (Com) et les services informatiques (SBS), restent les seules divisions dans le rouge au quatrième trimestre. Mais ce sera bientôt de l’histoire ancienne. Siemens estime en effet avoir terminé l’essentiel de sa réorganisation stratégique. Depuis son entrée en fonctions début 2005, M. Kleinfeld a défini de nouvelles priorités: l’industrie, l’énergie et le domaine médical. Il s’y est renforcé par des acquisitions. Sur l’exercice 2005/06, le groupe a déboursé quelque 6,6 milliards d’euros, sur deux ans 10 milliards d’euros, selon M. Kaeser. “Je n’ai pas l’intention de dépenser autant d’argent” sur l’exercice 2006/07, a-t-il prévenu. M. Kleinfeld a parallèlement été sans pitié pour les divisions à la traîne. Après d’importantes coupes dans les effectifs, SBS va disparaître et être fusionnée avec d’autres activités informatiques et de logiciels du groupe. Les activités de téléphonie ont été démembrées. Siemens a annoncé en juin la fusion de ses réseaux pour les opérateurs téléphoniques avec ceux de son concurrent finlandais Nokia. L’objectif est “dans l’idéal” de faire la même chose avec les services de téléphonie pour les entreprises (Enterprise Networks), pour lesquelles “des discussions sont en cours” avec des partenaires potentiels, selon M. Kleinfeld. “Siemens est une tout autre entreprise qu’il y a 24 mois”, commentait récemment Theo Kitz, analyste chez Merck Finck. Mais cela n’a pas été sans heurts. Ainsi les téléphones portables, cédés l’an dernier à perte au taiwanais BenQ: la filiale allemande BenQ Mobile vient de faire faillite, plus de 1.900 anciens salariés de Siemens vont perdre leur emploi, ainsi que plusieurs centaines d’autres chez des sous-traitants. Siemens, qui avait peu opportunément annoncé au même moment d’importantes augmentations de salaires pour ses dirigeants, est sous le feu des critiques en Allemagne, accusé de s’être débarrassé de la filiale pour ne pas avoir à assumer les conséquences de la restructuration. En outre, “vendre Enterprise Networks est devenu plus difficile pour Siemens car la faillite de BenQ Mobile a été pour les investisseurs un signal qu’il serait difficile de procéder à une restructuration en Allemagne”, selon Theo Kitz. Pas de quoi entamer l’optimisme de Klaus Kleinfeld. Il continue d’affirmer que toutes les divisions du groupe atteindront l’an prochain leurs objectifs de marge. C’était le cas de seulement 5 sur 11 au quatrième trimestre. |
||
|