[10/11/2006 18:03:13] PARIS (AFP) La croissance française a été nulle au troisième trimestre, prenant à revers les économistes qui s’attendaient à une progression de l’ordre de 0,5%, tout comme le ministre de l’Economie Thierry Breton, qui a toutefois maintenu sa prévision de croissance entre 2% et 2,5% pour 2006. La première estimation publiée vendredi par l’Insee fait état d’une croissance de 0,0% au troisième trimestre. Après l’euphorie du deuxième trimestre (+1,2%), c’est un “coup de massue”, une “cruelle désillusion”, la “gueule de bois”, selon les conjoncturistes. Thierry Breton a reconnu que ce chiffre n’était “pas bon” mais a rappelé qu’il s’agissait d'”une estimation provisoire” et a prédit “un excellent mois d’octobre” et un “très bon quatrième trimestre”. “Les enquêtes que nous avons à notre disposition, que ce soit dans l’industrie, dans les services ou dans la construction, sont bonnes ou même très bonnes”, a-t-il dit. Dans ces conditions, “sur l’année, je reconfirme que nous serons bien dans la fourchette entre 2% et 2,5%”, a-t-il assuré.
De son côté, le Premier ministre Dominique de Villepin a estimé vendredi que la croissance avait marqué “une pause” et que cela devait conduire le gouvernement “à encore davantage de détermination et de résolution”. Les explications à la contre-performance du troisième trimestre, au-delà du simple effet de correction après le bon chiffre du printemps, font pour l’instant défaut. “On peut difficilement nier que c’est une surprise”, a déclaré Alain Chappert, directeur des études et des synthèses économiques à l’Institut de la statistique, dont le dernier point de conjoncture prévoyait début octobre une croissance de 0,6% au troisième trimestre. La deuxième estimation, que l’Insee publiera le 21 novembre, donnera des détails sur les composantes de la croissance et permettra de voir par où elle a péché. Mais, d’ores et déjà, “le repli brutal et inattendu de la production industrielle en septembre (-0,9%), alors qu’on s’attendait à un rebond, aide à comprendre ce chiffre si décevant”, selon l’analyste Olivier Gasnier (SGIB), qui rappelle que pour “l’ensemble du troisième trimestre, la production industrielle a reculé de 0,8%”.
Alain Chappert confirme que les “variations très erratiques” de la production industrielle sont une source de difficulté supplémentaire dans la prévision de la croissance. Deux autres indicateurs publiés vendredi apportent un lot de consolation: le déficit du commerce extérieur s’est réduit en septembre à 1,348 milliard d’euros contre 2,872 milliards en août, grâce au rebond des exportations et à l’allègement de la facture pétrolière. L’assagissement des prix énergétiques a aussi contribué à réduire l’inflation, qui était en septembre au plus bas depuis novembre 1999 (+1,1% sur un an). Un point positif pour la croissance, “puisqu’à chaque fois que l’inflation perd du terrain, ce sont autant de gains de pouvoir d’achat que récupèrent les ménages et qui sont susceptibles d’alimenter la consommation”, souligne Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès. Mais le fait que la croissance hexagonale repose essentiellement sur la consommation intérieure est aussi ce qui la rend fragile, avertit Alexander Law, du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi. Les économistes, plus pessimistes que le ministre de l’Economie, la voient désormais plafonner à 2 ou 2,1% en 2006. |
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