[10/11/2006 16:07:46] LONDRES (AFP) Face à des prix du logement en hausse constante, et malgré l’aggravation du surendettement, les bailleurs de fonds britanniques repoussent sans cesse les limites, proposant désormais une durée de prêt immobilier pouvant aller, en théorie, jusqu’à 57 ans. Le site de comparaison de taux de crédit MoneyExpert a publié cette semaine une étude montrant que désormais, près d’un tiers des prêteurs (38 sur 126) proposaient une durée de crédit de 40 ans ou plus au Royaume-Uni, avec un maximum théorique de 52 ans pour la branche financière de la chaîne de supermarchés Tesco, voire de 57 ans à la banque Abbey, filiale de l’espagnol SCH. Cela signifie qu’on peut emprunter toute sa vie active, de 18 ans, âge minimum légal, à 75 ans, âge au-delà duquel les banques ne prêtent plus. Tant Abbey que Tesco ont souligné cependant qu’ils n’avaient jamais signé de prêt de cette durée et que ce cas de figure était “improbable”, tous deux s’affirmant “prêteurs responsables”. Le prix moyen du logement britannique a presque doublé (+187%) en dix ans sur l’ensemble du pays, et plus que doublé (+240%) à Londres, selon la banque Halifax, leader du crédit immobilier dans le pays. Ce prix est actuellement de 268.000 euros, et de 402.000 euros à Londres. Dans le même temps, le revenu des Britanniques n’a augmenté que de 54%. Le directeur général de MoneyExpert, Sean Gardner, estime “qu’il faut être conscient que plus la période de remboursement est longue, plus les intérêts sont élevés”. Selon les calculs de MoneyExpert, un emprunt de 100.000 livres (environ 150.000 euros) à 6% sur 25 ans engendre un remboursement mensuel de 644,29 livres sur 25 ans et de 550,21 livres seulement sur 40 ans, mais les intérêts sur 25 ans s’élèveront à 93.290 livres contre 164.100 sur 40 ans. L’appétit de s’engager sur “l’échelle de l’immobilier” (“housing ladder”) est tel au Royaume-Uni que les banques, quand elles n’augmentent pas la durée du crédit, ont commencé à en augmenter le montant. Alors qu’elles ne prêtaient pas plus que trois fois le salaire annuel, Abbey a annoncé la semaine dernière qu’elle portait ce ratio à cinq pour les clients les plus fiables, et la banque Northern Rock à 5,9. Howard Archer, économiste de Global Insight, estime que ces records battus les uns après les autres “ne sont pas très surprenants et montrent que les prix des maisons sont de plus en plus surévalués”. La situation ne lui paraît “pas soutenable”, et pourtant les prix de l’immobilier “résistent”. En ce domaine, “la prévision est notoirement difficile, et parfois on a l’impression que les prix défient la gravité”, reconnaît-il. L’envol des prix de l’immobilier, particulièrement à Londres, se nourrit aussi des “bonus” étourdissants qui échoient chaque hiver aux acteurs de la City. Le total des récompenses versées aux responsables d’entreprises et banquiers va augmenter de 18% cette année, à 13,2 milliards d’euros, selon une étude récente, après une année 2005 déjà très faste. Quelque 4.200 personnes percevront plus d’un million et demi d’euros chacune, qu’elles réinvestiront souvent dans un logement. Pendant ce temps, le surendettement des ménages britanniques a atteint un nouveau record au deuxième trimestre, et le régulateur de l’énergie (Ofgem) pense que quatre millions de foyers britanniques pourraient peiner à payer leur facture cet hiver. L’agence de notation financière internationale Standard and Poor’s (SP) a cité vendredi “les hauts niveaux actuels de la dette des ménages” comme un des principaux facteurs d’incertitude pesant sur la santé de l’économie britannique. |
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