L’internet a un impact croissant sur la communication politique

 
 
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Capture d’écran d’un blog montrant Ségolène Royal lors d’une table ronde avec des militants à Angers le 21 janvier 2006. Cette vidéo est diffusée sur internet depuis le 9 novembre

[11/11/2006 20:08:11] PARIS (AFP) Le retentissement d’une vidéo pirate de Ségolène Royal diffusée sur l’internet a illustré l’impact des nouvelles technologies de la communication sur la politique en général et les campagnes électorales en particulier.

Glissée sur la toile à une semaine du vote des socialistes pour départager leurs trois présidentiables, cette séquence explosive a ricoché de blogs en blogs, suscitant controverses et débats.

Dailymotion, site de partage de vidéos amateurs, sur lequel cette vidéo est apparue, affichait samedi après-midi 300.000 visites sur ce thème.

Premiers concernés, les professeurs se sont défoulés sur l’internet contre les propos de la présidente de Poitou-Charentes, tenus au cours d’une réunion interne et qui avait vocation à le rester.

Mme Royal le dit d’ailleurs clairement: “j’ai fait une proposition. Par ailleurs, je ne vais pas encore la crier sur les toits parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes”.

Mais précisément, explique à l’AFP Loïc Le Meur, expert reconnu de la blogosphère, le off, ces propos distillés en petit comité sous condition de ne pas les répandre, “c’est terminé”.

“Avec un portable en poche, chaque Français est virtuellement devenu un preneur d’images et de sons”. Le mariage de la vidéo et de l’internet signe, à ses yeux, la fin d’une époque.

“Les politiques auront de plus en plus de mal à tenir des discours différents en fonction de leur auditoire, ils seront en public” sans cesse et sans cesse, relève M. Le Meur.

“Tout sera archivé, en permanence, avec impossibilité de prétendre: je ne l’ai pas dit”, prévoit-il.

Autre caractéristique: “la viralité” de ces informations. Un néologisme qui exprime bien leur vitesse de propagation, leur accessibilité instantanée.

D’ailleurs, relève Loïc le Meur, la séquence litigieuse au cours de laquelle la favorite socialiste des sondages propose 35 heures effectives de présence des professeurs des collèges dans leurs établissements, a fait grand bruit sur l’internet “avant d’être reprise par les grands médias”. Ces derniers “n’ont fait qu’amplifier le phénomène”.

Il en a été ainsi pendant la campagne électorale qui s’est achevée par une “raclée” des républicains aux Etats-Unis. Les bloggers s’y sont imposés comme une source d’information très prisée.

“L’internet devient un nouvel acteur des médias dans la communication politique”, selon Lee Rainie, directeur d’un observatoire de le Pew internet and American Life Project.

Des vidéos ont ainsi porté des coups décisifs à la cote de personnalités: ce fut le sénateur républicain de Virginie George Allen traitant l’employée de son rival de “macaque”. Ou l’élu tout aussi républicain du Montana George Burns piquant un roupilllon pendant une audition.

En France, plusieurs sites consacrent toute leur énergie à combattre le président de l’UMP Nicolas Sarkozy. Ainsi de antisarko.net ou sarkostique.over-blog.com.

Les politiques ont-ils des armes contre la diffusion de vidéos non voulues, souvent malveillantes (les porte-parole de Ségolène Royal ont ainsi parlé de “coup bas”)? Une riposte possible, selon Loïc Le Meur: en inonder le web, pour les banaliser.

Mais à condition de rivaliser avec le style du contenu amateur: “très court, et informel”. A l’opposé des sites officiels des partis qui déroulent des vidéos institutionnelles fastidieuses et ont par conséquent “des audiences ridicules”, selon M. Le Meur.

 11/11/2006 20:08:11 – © 2006 AFP