[13/11/2006 17:39:34] BERLIN (AFP) La valse des patrons chez les grands acteurs des télécoms européens, dont le départ de Kai-Uwe Ricke de Deutsche Telekom est le dernier épisode, témoigne de la difficulté des opérateurs historiques à gérer leur passé d’ex-monopole et à faire face aux défis technologiques. M. Ricke a été poussé vers la sortie dimanche avec effet immédiat, après quatre ans passés à la tête du numéro un européen du secteur. Son départ intervient moins de deux mois après la démission surprise de Marco Tronchetti Provera chez Telecom Italia. En janvier, c’est le patron de Swisscom qui avait claqué la porte. L’an dernier, France Télécom s’est doté d’un nouveau président, moins de trois ans après le départ de Michel Bon. Exode des abonnés, guerre des prix, bénéfices en baisse, flottements stratégiques et, pour certains, dette abyssale: les opérateurs souffrent de maux similaires, souvent conséquences de leur nature même d’ex-monopole. Leur clientèle d’abonnés à la téléphonie fixe s’érode, face à la double concurrence de nouveaux entrants et du portable, les forçant à être sur la défensive. Peu ont réussi, comme British Telecom, à retenir leur clientèle traditionnelle en la faisant migrer vers d’autres technologies au sein du groupe. Pour beaucoup, leur taille et leur structure les empêchent d’être suffisamment réactifs dans les nouvelles technologies. Deutsche Telekom avait par exemple promis pour le début du Mondial-2006 de football la télévision par internet grâce à son nouveau réseau à fibre optique. Aujourd’hui encore l’offre n’est accessible qu’à un très petit nombre d’abonnés.
Les tâtonnements stratégiques sont à l’ordre du jour. Après avoir externalisé leurs filiales — France Telecom avec Wanadoo, Deutsche Telekom avec T-Online et T-Mobile — ils les réintègrent. Après avoir tout misé sur le mobile, Telecom Italia parie sur le haut débit. En outre l’Etat, souvent encore actionnaire, interfère dans la gestion. Ainsi c’est après avoir eu des mots avec le Président du conseil Romano Prodi sur l’orientation stratégique de Telecom Italia que M. Tronchetti Provera a quitté son poste, tandis que Jens Alder, chez Swisscom, a “tiré les conséquences personnelles du changement d’orientation” décidé par le gouvernement suisse en tirant sa révérence. Un analyste allemand le soulignait lundi, sous couvert d’anonymat, “les problèmes structurels de Deutsche Telekom ne vont pas changer avec la démission” de M. Ricke. “Deutsche Telekom a été privatisée et le marché libéralisé. Mais la société n’a toujours pas une structure de groupe privé et ne peut pas subsister dans des conditions de concurrence ouverte”, poursuivait-il. Sous-entendu, le successeur de M. Ricke, René Obermann, qui était auparavant en charge de la téléphonie mobile au sein du groupe, pourra difficilement faire mieux. A l’instar de France Telecom, le groupe emploie toujours plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires. Les patrons d’ex-monopoles ne sont néanmoins pas les seuls à être sur la sellette. Chez le britannique Vodafone, le PDG Arun Sarin est également sous pression et a fait face à plusieurs frondes de la part des actionnaires du groupe, après trois avertissements sur résultats en quelques mois. Vodafone n’est pas un opérateur historique, mais victime lui aussi de la saturation des marchés européens, d’une concurrence acharnée et de la guerre des prix impitoyable que se livrent les acteurs du secteur. |
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