Plantes aromatiques et médicinales : Cap sur la valeur ajoutée

 
 

jasmin131106.jpgLa culture de plantes
aromatiques et médicinales (PAM),  et leur corollaire  l’extraction des
essences, sont  perçues, jusqu’à présent, sous le prisme des maigres
recettes en devises qu’elles génèrent à l’exportation et de la forte demande
générée par le regain d’intérêt pour l’agriculture biologique, la
phytothérapie et l’aromathérapie.

Pourtant, la Tunisie
peut en tirer de plus gros profits pour peu que des industriels
s’intéressent à ce secteur à forte valeur ajoutée et investissent dans la
fabrication et la transformations des essences utilisées en alimentation
(arômes), en parfumeries (molécules odorantes), en thérapeutique (principes
actifs) ou en cosmétique (substances traitant la peau et les cheveux…).

L’importance de la
demande manifestée, durant les années 90, par certaines industries de
transformation locales et étrangères a encouragé la Tunisie à intensifier la
culture et l’exploitation des PAM spontanées, une activité qui demeure
marginale et sous-développée jusqu’ici.

Encouragée par une
forte demande internationale, la Tunisie s’est employée à valoriser ce
créneau au point de devenir un des  plus grands producteurs d’huile de
romarin dans le Bassin méditerranéen, le premier exportateur de néroli et le
deuxième exportateur d’essence de romarin après le Maroc.

La spécificité de la
Tunisie pour certaines plantes comme le bigaradier, le géranium, le myrte,
le romarin, le rosier et le jasmin lui confère une place de premier choix
pour l’exportation.

Aujourd’hui, la
Tunisie ne se soucie plus d’exporter cette matière première mais entend
aller plus loin et assurer une valeur ajoutée à ces PAM et à leurs
essences.  Concrètement, elle œuvre à les rentabiliser en réfléchissant sur
les moyens de les valoriser au double plan de l’extraction artisanale et
industrielle.

C’est dans cet esprit
que le centre de formation professionnelle dans la culture des primeurs de
Chott Meryam a eu la louable initiative d’organiser, les 9 et 10 novembre
2006, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme
rurale, un séminaire sur le rôle de la femme rurale dans la valorisation des
PAM.

En plus clair, la
Tunisie, qui contribue de manière substantielle à la production des parfums
les plus réputés dans le monde, entend  grignoter une part de ce marché.

Le séminaire de Chott
Meryam s’inscrit dans cette perspective. Cette manifestation s’est
distinguée par une prise de conscience du ministère de l’Agriculture et des
Ressources hydrauliques de l’enjeu de la valorisation des PAM.

Dans son intervention
au cours de ce séminaire, Abderrazak Daaloul, secrétaire d’Etat chargé de la
Pêche a indiqué que les essences des PAM tunisiennes, exportées actuellement
vers l’Europe et les Etats-Unis, moyennant des recettes annuelles de 1,4
million de dinars, nous reviennent sous d’autres formes (parfums et autres)
à des prix très élevés, d’où l’enjeu de réfléchir sérieusement au
développement de ce secteur et à sa valorisation. «En conséquence, a-t- il
dit, il convient  de mettre au point un plan d’action qui favoriserait la
promotion et la valorisation de la production des PAM par le renforcement
non seulement des études et recherches, mais également de la formation et de
l’encadrement des promoteurs des projets dans ce secteur et la vulgarisation
des résultats sur les méthodes de production et d’exploitation des projets
dans le secteur».

L’idéal serait, à
notre avis, de développer la recherche dans ce domaine et de créer dans les
meilleurs délais un centre de recherche propre à développer une expertise
nationale en la matière.

Couvrant une
superficie de 1030 hectares, la culture des PAM est très répandue notamment
dans les gouvernorats de Kairouan, Zaghouan,
Sfax, et Sidi Bouzid. Elle emploie près de 470 agriculteurs aujourd’hui,
mais pourraient être des milliers si on investissait dans
l’industrialisation des Pam et la production de parfums, au plan local.

Une enquête
ethnobotanique effectuée auprès des herboristes du pays a recensé 70 espèces
à usage médicinal. Elles représentent 3% de la totalité des espèces
végétales de la flore tunisienne et 14% des taxons connus pour leur usage
médicinal traditionnel.

 

Les forêts constituent
les principales zones de production de PAM, objet d’extraction d’huiles
essentielles qui sont, principalement, le néroli, le romarin, l’armoise
blanche, la marjolaine et les essences d’agrumes. Le néroli, servant en
cosmétique pour la fabrication de parfums haut de gamme, est l’huile
essentielle la plus connue et la plus prisée à l’étranger.

A l’exception de
l’exploitation de certaines essences forestières (romarin, thym…) et le
bigaradier, la culture des PAM reste traditionnelle. Elle se limite aux
jardins familiaux et d’agrément.

Les atouts qui
militent en faveur du développement des PAM sont au nombre de trois :

– La
disponibilité de vastes étendues de couvert végétal naturel formée d’une
panoplie de plantes aromatiques riches en huiles essentielles, de sols
sablonneux et d’eau douce pour la culture des nouvelles plantes aromatiques
demandées par le marché européen telles que l’Estragon, la ciboulette et le
laurier sauce.

– La
disponibilité de matière première riche et variée: 1.500 tonnes de fleurs de
bigaradier et 250.000 ha de plantes aromatiques naturelles composées de
romarin, thym, myrte, armoise blanche et menthe poivrée.

– La
disponibilité d’une importante logistique de transformation, il existe
actuellement 28 unités de distillation installées, produisant 420 tonnes
d’huiles essentielles et d’aromates pour une valeur de 6 millions de dinars
(4 millions d’euros).

Sur un total de 187
PMA non toxiques recensées en Tunisie, 80 espèces peuvent faire l’objet de
cultures intensives. la Tunisie exporte, en moyenne annuelle,  250 tonnes
d’huiles essentielles et d’aromates, soit 34% de néroli, 31% de romarin et
35% de fleurs d’agrumes et d’autres plantes aromatiques.