Deutsche B?rse s’efface, la voie est libre pour le mariage Euronext/Nyse

 
 
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Le président de Deutsche Börse, Reto Francioni, lors d’une conférence de presse à Francfort le 15 novembre 2006 (Photo : Martin Oeser)

[15/11/2006 13:02:43] FRANCFORT (AFP) L’opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, a finalement renoncé à fusionner avec Euronext, las de voir ses offres rejetées par son concurrent paneuropéen, laissant la voie libre à un mariage de ce dernier avec le New York Stock Exchange (Nyse).

“Nous ne voulions pas une fusion à n’importe quel prix” et “nous sommes convaincus qu’on ne peut pas forcer une coopération contre la volonté d’une des parties”, a justifié le président du groupe allemand, Reto Francioni, lors d’un point presse.

Le Suisse a jugé avec sévérité le comportement de la direction d’Euronext. Les approches de Deutsche Börse ont buté sur “beaucoup de scepticisme irrationnel” à Paris.

Depuis son arrivée aux commandes de Deutsche Börse il y a un peu plus d’un an, M. Francioni s’est engagé à fond dans le projet, soutenu par le monde politique et financier européen, de créer avec Euronext un nouveau champion boursier sur le Vieux Continent à même de rivaliser avec les américains.

“C’est une occasion manquée”, a d’ailleurs regretté une porte-parole du ministre allemand des Finances Peer Steinbrück.

M. Francioni a d’autant plus mal digéré la signature d’un accord de principe du groupe paneuropéen avec le Nyse, alors même que des discussions entre Français et Allemands étaient en cours, selon lui. Malgré l’échec, M. Francioni entend rester à son poste.

Pour lui, la page Euronext est tournée. Il ne voit “aucune raison” de l’approcher de nouveau. En revanche, si ses responsables se décident “à venir vers nous, ils sont les bienvenus”, a ajouté le Suisse, faisant honneur à sa réputation de diplomate.

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Montage de photos de la Deutsche Börse et du logo d’Euronext devant le Palais Brongniart à Paris

“Le chemin est désormais définitivement libre pour la fusion prévue entre Euronext et le Nyse et le rêve d’une Bourse européenne commune a échoué”, réagit Olaf Kayser, analyste de la banque allemande LRP, résumant l’avis des experts du secteur.

La transaction entre Euronext et le Nyse reste toutefois soumise à l’aval des actionnaires des deux groupes en décembre.

Dans le grand chambardement en cours du monde boursier, Deutsche Börse est à présent isolée. Elle a déjà échoué dans des tentatives antérieures de rapprochement avec la Bourse de Londres, en train de se faire progressivement avaler par le marché électronique américain Nasdaq, ou le marché à terme de Chicago, le CME, qui va s’unir avec l’autre grand marché à terme américain CBOT.

Pour couronner le tout, une nouvelle concurrence pourrait émerger avec le projet de sept grandes banques d’affaires de créer leur propre plateforme d’échanges d’actions en Europe afin de contourner les Bourses traditionnelles dont elles jugent les tarifs trop élevés.

Reto Francioni voit cette possible concurrence avec sérénité. Deutsche Börse, “ce n’est pas seulement une plateforme d’échange d’actions”, souligne-t-il. Le plus gros de ses bénéfices provient des activités de produits dérivés (dans la filiale avec la Bourse Suisse SWX, Eurex) et du règlement/compensation, avec la filiale luxembourgeoise Clearstream.

A quoi ressemble l’avenir pour Deutsche Börse? Le groupe veut se concentrer sur sa “croissance organique”, donc investir dans ses activités présentes. Des coopérations ne sont pas exclues, mais elles constituent “une option, pas une nécessité”, le groupe s’estimant “assez fort” pour se mesurer à la concurrence dans le secteur, selon le Suisse.

Parmi les pistes évoquées figurent de possibles nouveaux projets de collaboration ponctuelle avec le SWX, d’où vient Reto Francioni. La porte reste aussi ouverte à Borsa Italiana, l’opérateur de la Bourse de Milan.

Deutsche Börse avait convaincu Borsa Italiana de signer une lettre d’intention en vue de former une alliance boursière européenne susceptible d’être élargie à Euronext, mais les négociations ont été suspendues la semaine dernière faute d’accord sur la gouvernance et la répartition des postes.

Suspendues, mais pas rompues, a rappelé M. Francioni mercredi.

 15/11/2006 13:02:43 – © 2006 AFP