Dans un
pays calme et serein, rien de plus triste et affligeant que d’apprendre que
la fête de l’Aïd a fait une vingtaine de victimes et que en quelques jours 8
personnes décédaient d’un accident de la route, et cela nous donne une
triste réputation d’être parmi les pays où la route tue le plus :
pratiquement un décès toutes les 6 heures sans compter les blessés et les
handicapés et le coût social de cette hécatombe.
D’après La Presse, en 2005, il y a eu 1.519 morts et 15.368 blessés, et
l’impact économique de ces accidents atteint pratiquement les 200 millions
de dinars annuellement. Sur l’ensemble de la planète, les accidents
provoquent 1,2 million de décès, soit plus de 2 personnes à la minute et 50
fois plus de blessés.
Si on compare les chiffres entre pays, il y a 50% plus de morts en Tunisie
qu’en France et 40% en moins que sur l’ensemble de la planète, cela veut dire qu’il y a des
pays où les routes sont de véritables coupe-gorge.
On a beau se dire que c’est le mektoub et que c’est «haka had omrou», les
raisons de cette triste situation sont nombreuses et pour qu’il y ait un
accident de circulation, il faut un certain nombre de composantes :
–
un ou plusieurs véhicules,
–
des chauffeurs,
–
des passagers,
–
des routes,
–
une signalisation,
–
et des circonstances.
Commençons par les véhicules : le développement exponentiel du
parc, presque 50.000 véhicules par an, a fait que le nombre de mauvais
conducteurs a aussi augmenté et cela se voit tous les jours sur nos routes :
il y a de plus en plus de chauffards daltoniens et gauchers.
Si le nombre de véhicules est un signe de développement –il y a environ un
million de véhicules toutes catégories qui circulent, dont l’âge varie de
quelques jours à plusieurs décennies-, il signifie l’échec des autres
systèmes de transports publics et privés. Regardez autour de vous : le matin
les embouteillages causées par des véhicules remplis à 25% -voitures de 4
sièges où il n’y a qu’une seule personne, il faut dire que seuls les
Scandinaves ont inventé le covoiturage …
Par ailleurs, imaginez si un TGM desservait le stade de Radès ou certains
autres quartiers, et si la SNCFT pensait à associer au train un système de
voitures de location à l’arrivée ; le calcul est à faire car il faut se
baser sur le fait qu’une voiture à 20.000 DT qui est censée faire 100.000 km
se voit greffer au titre de l’amortissement simplement la somme de 0,2 DT le
KM, et je ne parle pas des mastodontes à 200.000 DT. Imaginez que quelqu’un
va a Gabès en train, il fera 900 km et sans les autres frais et risques, il
aura déjà 180 DT de frais d’amortissement, et qu’il dispose d’un véhicule à
un prix raisonnable … Mais cela suppose que les villes soient desservies par
le train notamment celles où la route est la plus meurtrière, et c’est tout
un programme qui coûte cher très cher en investissement et en entretien.
Venons aux autres composantes ; là c’est une série d’articles qu’il faudrait
rédiger : une ligne continue sur 20 km qui fait monter l’adrénaline, des
routes de 5 m de large dans des zones où les gens roulent à tombeau ouvert
et des chauffeurs de louages pressés de repartir et souvent des véhicules
mal assurés et mal visités et une police de la circulation parfois
découragée devant les débits routiers –en certains points du Grand-Tunis il
passe plus de 150.000 véhicules/jour- … sans compter les chauffards qui slaloment
sur les routes. Il y a aussi les phénomènes sociaux comme les fêtes de l’aïd
qui font créer des bouchons de plusieurs km,… Comment y remédier : déjà
les images choquantes à la télé ont leur effet et il faudrait les voir et
faire revoir, montrer aussi les gens qui restent handicapés à vie et faire
faire des émissions sur ces problèmes.
On a une seule solution, sensibiliser : car rien de plus triste que de voir
un jeune de 22 ans qui part trop tôt parce qu il ne veut pas arriver trop
tard …