Décès de l’Américain Milton Friedman, ancien prix Nobel d’économie

 
 
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L’économiste américain Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976, le 9 mai 2002 à Washington (Photo : Tim Sloan)

[16/11/2006 19:48:23] WASHINGTON (AFP) L’économiste américain Milton Friedman, décédé jeudi à l’âge de 94 ans, était le pape du désengagement de l’Etat dans la vie économique et ses idées libérales, adorées ou vilipendées mais incontournables, lui avaient valu le prix Nobel d’économie en 1976.

Son décès à San Francico, des suites visiblement d’une défaillance cardiaque, a été annoncé par l’institut néo-libéral Cato Institute, dont il était l’un des inspirateurs.

“Milton Friedman a révolutionné la pensée économique dans le monde”, a affirmé Jamie Dettmer, responsable des relations presse du Cato Institute. “Si Keynes a dominé la pensée économique au milieu du 20e siècle, Friedman domine la pensée économique à la fin de ce siècle et il le fera à l’aube de ce nouveau siècle”, a-t-il ajouté.

Milton Friedman était le chef de file de l’école monétariste et à ce titre l’un des plus importants économistes du 20e siècle, même si ses idées, bien éloignées de celle de Keynes et de l’interventionnisme de l’Etat, ont régulièrement fait polémique.

Dans un raccourci saisissant, il avait commencé sa carrière universitaire en 1946, l’année même de la mort de Keynes.

“S’il faut privatiser ou élaguer une activité publique, faites-le complètement. Ne recherchez pas un compromis grâce à une privatisation ou à une réduction partielle du contrôle étatique”, déclarait-il avec une pointe de provocation.

Sa pensée ultra-libérale avait notamment exercé une énorme influence sur le gouvernement de Ronald Reagan et celui de Margaret Thatcher au début des années 1980. Il restera en effet comme le grand inspirateur des politiques de lutte contre l’inflation dans les années 1970.

Sa pensée s’articulait autour de quelques grands principes, au premier rang desquels l’inflation s’explique toujours par une augmentation de la quantité de monnaie en circulation.

Dans cette optique, il professait un rôle limité de l’Etat en matière de politique monétaire et il jugeait inefficaces, voire nuisibles à long terme, les politiques de relance.

Parmi ses idées controversées, il plaidait aussi pour une diminution des dépenses sociales de l’Etat providence, une privatisation des entreprises publiques et une flexibilité de l’emploi et des salaires — voire la liberté de choix dans le domaine de l’éducation et la libéralisation de la drogue.

L’un des épisodes les plus controversés de sa vie reste son voyage en 1975 au Chili, où il avait rencontré le dictateur Augusto Pinochet.

La polémique ne l’avait pas empêché de recevoir le prix Nobel de sciences économiques en 1976 pour son travail dans le domaine de “l’analyse de la consommation, la théorie et l’histoire monétaire et pour sa démonstration de la complexité des politiques de stabilisation”.

Né le 31 juillet 1912 à New York, cadet d’une famille juive de quatre enfants venue d’Ukraine, Milton Friedman a vécu ses premières années dans le New Jersey.

Il avait d’abord fait des études de mathématique, puis d’économie, et avait obtenu en 1946 un doctorat à l’université Columbia à New York. Il restera comme le chef de file de l’Ecole de Chicago, un groupe informel d’économistes libéraux.

Chercheur au Bureau national de recherche économique (NBER) de 1937 à 1981, il a écrit plusieurs ouvrages, dont beaucoup ont fait polémique au moment de leur publication.

On retiendra notamment les “Essais d’économie positive” (1953) ou encore l'”Histoire monétaire des États-Unis” (1963) où il explique l’aggravation de la crise de 1929 par une baisse de la masse monétaire.

Milton Friedman avait toujours refusé toute position gouvernementale. Le seul poste qu’il aurait éprouvé des difficultés à écarter était celui de patron de la Fed.

Pendant 20 ans, de 1966 à 1984, il avait également tenu des chroniques dans le magazine Newsweek.

Il était marié et père de deux enfants.

 16/11/2006 19:48:23 – © 2006 AFP