[16/11/2006 18:12:57] WASHINGTON (AFP) L’inflation semble enfin décidée à ralentir aux Etats-Unis, ce qui devrait dissuader la banque centrale de remonter ses taux et lui laisse les mains libres face au ralentissement de la croissance. Les prix à la consommation ont reculé de 0,5% en octobre par rapport à septembre tandis que l’indice de base (hors alimentation et énergie) augmentait de 0,1%, a annoncé jeudi le département du Travail. Les prix ont ainsi baissé pour le deuxième mois consécutif, ce qui a rempli d’aise les analystes. “Il ne fait aucun doute que c’est un bon rapport pour l’inflation”, s’est félicité Michael Gregory de BMO Nesbitt Burns. C’est une nouvelle particulièrement encourageante pour le patron de la banque centrale Ben Bernanke, qui voit l’inflation annuelle refluer vers la fourchette de 1 à 2% jugée acceptable pour garantir la stabilité des prix. Sur un an, les prix à la consommation ont augmenté de 1,3% en octobre et l’indice de base de 2,7%. “Il est peut-être trop tôt pour allumer le cigare de la victoire, mais Bernanke peut sans doute envoyer un de ses sous-fifres au bureau de tabac”, a estimé Mark Vitner de Wachovia. Le rapport a été accueilli avec un soulagement tout particulier par les marchés qui voient s’éloigner la menace de resserrement monétaire agité par la Fed. Selon les minutes de sa dernière réunion publiées mercredi, la banque centrale estimait encore fin octobre que l’inflation restait le risque numéro un pour l’économie américaine et qu’un relèvement de taux restait possible. Les derniers chiffres sur l’inflation devraient au contraire “l’inciter au statu quo pour les prochaines réunions”, assure M. Vitner. Son principal taux est actuellement fixé à 5,25%. Les analystes soulignent cependant que la partie n’est pas encore définitivement gagnée. La baisse des prix d’octobre s’explique avant tout par le plongeon des cours de l’énergie, mais ceux-ci vont recommencer à augmenter. De plus des pressions à la hausse des prix continuent de s’exercer par le biais des loyers et du resserrement du marché de l’emploi. Il n’en reste pas moins que la Réserve fédérale (Fed) a désormais plus de marge de manoeuvre pour agir sur le front de la croissance. “Si l’inflation de base continue de baisser, la Fed pourra se concentrer sur les moyens d’enrayer la dégringolade de l’activité qui est largement confirmée par l’immobilier et la production automobile”, estime M. Vitner. Ce ralentissement est encore apparu jeudi dans la hausse décevante de la production industrielle en octobre (+0,2% après -0,6% en septembre). “L’industrie ralentit. L’ajustement le plus abrupt se fait dans le secteur automobile, où la production a été réduite pour remettre de l’ordre dans les stocks”, estime Nigel Gault du cabinet Global Insight. Selon lui “l’industrie n’est pas immunisée contre le retournement de l’immobilier et ses répercussions sur les consommateurs”. L’activité sur le marché immobilier résidentiel a fortement baissé depuis trois mois et “la grande question maintenant est de savoir si cela s’étend aux dépenses de consommation et à l’emploi”, souligne pour sa part M. Gregory. En octobre, les ventes de détail ont reculé de 0,2%, et de nettes poches de faiblesse sont apparues dans les secteurs liés à la maison (ameublement, bricolage…). Ce ralentissement appelle une politique de taux plus accommodante et conforte le scénario de plus en plus privilégié par les marchés. “La prochaine fois que la Réserve fédérale modifiera ses taux ce sera pour les baisser, probablement au premier semestre 2007”, assure M. Vitner. |
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