[17/11/2006 12:04:59] VARSOVIE (AFP) La présidence finlandaise de l’Union européenne tentait d’intervenir vendredi auprès de Varsovie pour faire lever son veto au lancement des négociations avec Moscou sur un vaste accord économique et énergétique UE-Russie, jugé vital par les Européens pour leur sécurité énergétique. Le Premier ministre finlandais Matti Vanhanen devait dîner vendredi soir avec son homologue polonais Jaroslaw Kaczynski, pour essayer de le convaincre de changer de position. A quelques heures de la visite de M. Vanhanen, Varsovie campait cependant sur ses positions. “La Pologne maintient ses revendications. Nous demandons la levée de l’embargo russe sur les produits alimentaires polonais. Nous maintenons aussi nos suggestions dans le domaine de la politique énergétique”, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Andrzej Sados. Varsovie juge “purement politique” l’embargo russe, introduit en novembre 2005, qui lui fait perdre 400 millions d’euros annuels à l’export, selon Varsovie. “Nous remplissons toutes les conditions requises par la Russie. Nos procédures sont mêmes plus strictes que celles de l’Union européenne. Nous contrôlons soigneusement tous les produits agro-alimentaires polonais exportés vers la Russie”, a déclaré vendredi le vétérinaire en chef polonais Krzysztof Jazdzewski. Pour vérifier la fiabilité des procédures polonaises aux frontières, la Commission européenne a prolongé une mission de ses experts en Pologne. “Le rapport de la Commission doit être prêt vers la moitié de la semaine prochaine”, a indiqué M. Jazdzewski. Outre l’embargo russe, les Polonais contestent la nouvelle “tactique” de l’UE pour sécuriser ses achats russes en hydrocarbures, qui représentent plus de 30% des importations européennes en pétrole et plus de 40% des importations en gaz, selon la Commission européenne. Varsovie voudrait que l’UE profite de ces négociations pour redemander à la Russie de ratifier la Charte sur l’énergie, ce que Moscou a toujours refusé. Or les autres pays de l’UE ont décidé au sommet européen de Lahti en octobre qu’il valait mieux pour l’instant presser le président russe Vladimir Poutine d’inclure dans le nouvel accord UE-Russie une partie au moins des principes inscrits dans la Charte. D’autant que M. Poutine, qui avait dîné avec les 25 à Lahti, s’était dit prêt à négocier sur ce point. Les relations polono-russes se sont tendues encore davantage ces derniers jours à la suite de déclarations intempestives de responsables des deux pays. Jaroslaw Kaczynski a ainsi appelé mardi à des “sanctions européennes” si la Russie maintenait son embargo. Le représentant de M. Poutine pour les relations avec l’UE, Sergueï Iastrjembski, a rétorqué en menaçant ironiquement de couper les livraisons énergétiques à la Pologne vers la période de Noël. Et il a dénoncé le “chantage” d’une Pologne frustrée d’avoir “échoué à jouer les premiers violons dans l’orchestre européen”. “Le véritable enjeu de la bataille est de savoir si la Russie réussira à marginaliser la Pologne au sein de l’Union européenne en tant que pays qui peut influencer sa politique de l’Est”, a déclaré Bartlomiej Sienkiewicz, un analyste spécialisée dans les relations polono-russes. “Jusqu’à présent, les intérêts polonais n’ont pas été véritablement compris dans l’UE”, a-t-il affirmé. Le déplacement de M. Vanhanen à Varsovie vise aussi à montrer aux Polonais “qu’on ne va pas les laisser seuls avec leurs problèmes” avec Moscou, a souligné une source diplomatique européenne. “Il faut aussi du côté russe qu’ils sachent qu’une rhétorique forte n’aide pas”, a-t-elle ajouté. |
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