[19/11/2006 08:53:57] NARITA (AFP) L’Airbus A380 a atterri dimanche pour la première fois au Japon, chasse gardée quasi exclusive de Boeing que l’avion géant espère conquérir un jour. Le “MSN002”, un des cinq A380 d’essai, s’est posé sous un ciel bas et une pluie fine sur l’aéroport international de Tokyo-Narita, quatrième étape de son ultime campagne mondiale de tests avant sa certification prévue en décembre. Le colosse des airs, qui venait de visiter Singapour, Séoul et Hong Kong, a été accueilli avec grande curiosité par le personnel de l’aéroport de Narita, des dizaines de bagagistes, employés de piste et agents de sécurité fourmillant autour pour le photographier avec leurs téléphones portables. L’A380, qui selon Airbus fait deux fois moins de bruit que son concurrent Boeing 747-400, a également été chaleureusement salué par la direction de Narita, un aéroport longtemps farouchement combattu par ses riverains. “Narita est confronté à un problème de nuisances sonores. Nous demandons sans arrêt aux compagnies aériennes d’utiliser des avions plus silencieux. L’A380 répond exactement à nos besoins”, a souligné le vice-président de l’aéroport, Harubumi Kobori. “Nous verrons bientôt l’A380 voler dans le ciel japonais. Mais notre espoir est aussi de le voir voler sous les couleurs de compagnies japonaises”, a plaidé de son côté le commandant de l’appareil, Hugo Pérez.
Car s’il emballe unanimement les mordus japonais de l’aviation, le plus gros avion de ligne du monde, qui sera capable de transporter jusqu’à 853 passagers, se heurte au scepticisme des compagnies aériennes japonaises. Les deux principales, Japan Airlines (JAL) et All Nippon Airways (ANA), qui misent actuellement sur l’utilisation d’appareils de plus petite taille et l’augmentation des fréquences de vol, n’ont jusqu’à présent pas manifesté le moindre intérêt commercial pour l’oiseau géant. Le patron de JAL, Haruka Nishimatsu, a même déclaré récemment que “l’A380 était un concept complètement contraire au marché actuel de l’aviation”. Aussi bien JAL qu’ANA n’exploitant presque que des Boeing, Airbus ne se taille au Japon qu’une minuscule part de marché (4% environ). Il faut dire que l’avionneur américain a ouvert une succursale au Japon 40 ans avant son rival européen. Ce qui lui a laissé le temps de nouer de fructueuses relations industrielles dans l’Archipel: un tiers du futur biréacteur long-courrier Boeing 787 est fabriqué par des entreprises nippones. Tandis que moins de 3% de l’A380 est “made in Japan”. Les retards de livraison que subit actuellement l’A380 ne plaident pas non plus en sa faveur auprès des poids lourds du transport aérien japonais. Pourtant, selon Richard Carcaillet, le directeur du marketing de l’A380, “JAL et ANA ont participé depuis 1996 à la définition du concept, aussi bien en ce qui concerne la cabine que les performances” de l’avion. Ainsi, l’Airbus A380 est doté d’inverseurs de poussée sur ses moteurs internes, et non externes, ce qui le rend plus adapté aux caractéristiques des aéroports japonais. “C’est un aspect qu’on a vérifié ici, avec JAL et ANA qui font des vols intérieurs sur Boeing 747, avec des pistes assez courtes et des opérations en hiver avec de la neige, dans des conditions difficiles. Nous avons testé cette idée ici, et cela a marché”, explique-t-il. “JAL et ANA n’ont pas dit qu’elles ne voulaient pas de cet avion. Elles l’étudient, il figure sur le plan de vol potentiel”, insiste-t-il. En mai dernier, le PDG de JAL n’avait pas écarté la possibilité de changer d’avis concernant l’A380 si les premiers passagers à l’utiliser confirmaient le plaidoyer d’Airbus, selon qui il s’agit de l’avion le plus confortable du monde pour le voyageur long-courrier. “Dès 2008, l’A380 desservira régulièrement Tokyo avec Singapore Airlines. D’autres compagnies l’utiliseront ensuite. Cela mettra une pression certaine sur JAL et ANA en termes de compétitivité, et de produit cabine”, espère M. Carcaillet. |
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