[19/11/2006 14:32:07] PEKIN (AFP) Pour accéder au gigantesque marché chinois, les banques étrangères ont montré cette semaine qu’elles étaient prêtes à racheter des établissements plombés de créances douteuses ou à se transformer en sociétés de droit chinois. Or même en se “sinisant”, les institutions étrangères, qui aujourd’hui représentent moins de 2% des actifs bancaires en Chine, devraient encore avoir du chemin à parcourir avant de véritablement faire de l’ombre à leurs homologues chinoises. “Leurs opérations ne vont pas être un défi majeur à court terme pour les banques chinoises”, a commenté May Yan, analyste chez Moody’s. “Elles vont certainement avoir des difficultés à concurrencer les très, très vastes réseaux des banques nationales. Cela ne va pas arriver du jour au lendemain”, acquièsce Charlene Chu de Fich Ratings Chine. Pour contourner cette difficulté et ne pas avoir à s’implanter ex nihilo, plus d’une vingtaine d’investisseurs étrangers ont pris des participations dans des banques chinoises, limitées toutefois par la loi chinoise à 20% pour un seul investisseur étranger, 25% pour un groupe d’investisseurs étrangers. Dernier en date, le géant américain Citigroup, déjà présent dans la Shanghai Pudong Development Bank, a gagné la bataille jeudi pour la prise de contrôle de la Guangdong Development Bank (GDB), damant le pion au français Société Générale après plus d’un an d’une âpre bataille. Réputée pour ses prêts non performants, GDB dispose cependant d’un réseau de 502 agences, l’un des plus grands du pays, et de 12 millions de clients. Les participations possibles se faisant rares au sein des grandes banques d’Etat ou de la douzaine de banques commerciales par actions, les étrangers se tournent de plus vers les quelque 120 banques régionales, surtout si, comme GDB, elles disposent d’une licence pour opérer nationalement. Autre solution désormais: un accès direct à la clientèle chinoise, rendu possible par les nouvelles règles annoncées jeudi autorisant les étrangers, sous conditions, à opérer en yuans, sans rester confinés ni aux entreprises, ni aux 25 villes leur ayant été progressivement ouvertes ces dernières années. Plusieurs ont déjà annoncé leur intention de se constituer en sociétés de droit chinois, comme quatre des cinq plus importantes banques étrangères en nombre d’agences en Chine, les Britanniques Standard Chartered et HSBC et les banques de Hong Kong Hang Seng Bank (groupe HSBC) et Bank of East Asia. Selon un responsable de la Commission de régulation bancaire, une dizaine de banques, dont “le total des actifs représentent 60% des actifs combinés des banques étrangères en Chine”, sont ainsi prêtes à changer le statut de leurs succursales. 73 banques étrangères ont établi des succursales en Chine. Quatorze autres sont déjà des coentreprises sino-étrangères ou même des banques enregistrées localement mais fondées par des capitaux exclusivement étrangers. Même limitée, cette présence, selon Moody’s, “a déjà encouragé les banques chinoises à se transformer et se restructurer”, apportant au secteur une expertise technique fort nécessaire et des méthodes de gestion plus modernes. La tendance ne peut que s’accentuer avec l’implantation d’établissements aux produits financiers plus sophistiqués, estiment les experts. “La compétition future forcera les banques chinoises à améliorer leur gestion, notamment des risques”, affirme Wu Yonggang, analyste chez Guotai Junan securities. Pour Moody’s, à condition que les changements se fassent de façon “graduelle”, le secteur bancaire chinois en sortira “renforcé”. Un autre gagnant sera le consommateur chinois, aux choix multipliés. |
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