Après avoir multiplié
les incitations à l’introduction en Bourse, les autorités attendent des
grands groupes qu’ils sautent le pas.
Engagés depuis des années dans une tentative de séduction des entreprises
tunisiennes en vue de les amener à s’introduire en Bourse, les pouvoirs
publics reviennent aujourd’hui à la charge et intensifient leurs efforts, en
ciblant particulièrement les grands groupes. C’est là le sens du séminaire
organisé mercredi 15 novembre 2006 par la Bourse de Tunis, sur le thème «La
Bourse au service du financement des entreprises». Cette manifestation
visait, selon le secrétaire général de cette institution, à ouvrir «le débat
avec les grands groupes de sociétés tunisiens», donc à «améliorer la
capacité d’attraction de la Bourse» en dissipant «certaines craintes à
propos des critères et des exigences de l’introduction».
Premier intervenant lors de la séance d’ouverture, M. Mohamed Rached Kchich,
ministre des Finances, a clairement exposé les attentes du gouvernement.
Après lui avoir manifesté son appui de diverses manières depuis 1994
–notamment en accordant divers avantages aux émetteurs de titres (en
particulier la baisse du taux d’imposition des sociétés diffusant 30% de
leur capital dans le public), et aux investisseurs (défiscalisation de
l’épargne dans le cadre du «Compte Epargne Actions», exonération totale de
la cession de titres et des dividendes, déductibilité des moins values,
etc.), les autorités sont aujourd’hui «en droit d’exiger (de la Bourse, ndlr)
une plus grande contribution au financement de l’économie», affirme le
ministre. Une contribution qui devrait passer de 4-5% en 2004 à 20% en 2009,
chiffre M. Kchich.
Estimant que «dans l’intérêt de l’économie tunisienne, il est grand temps
que nos hommes d’affaires intègrent la Bourse pour libérer leurs efforts et
réaliser leurs ambitions», et que «sans un apport de la part des groupes, il
nous manquera l’élément nous permettant de rêver d’une place financière
régionale», le ministre des Finances «comprend que l’introduction est un
acte important qui ne peut se faire qu’après évaluation des avantages et
inconvénients» d’une telle opération.
Alors que les autorités rêvent d’une Bourse avec une centaine d’entreprises
cotées, «les résultats restent en deçà des espoirs» avec seulement 48
entreprises en Bourse et une capitalisation boursière représentant 14% du
PIB, et l’absence des grandes groupes dont la présence est indispensable,
analyse le ministre. M. Kchich qui pense que les six introductions des deux
dernières années incitent à l’optimisme et «pourraient annoncer un
changement, et constate l’«existence d’une importante demande potentielle de
titres», attendait du séminaire qu’il analyse le pourquoi de «l’hésitation
des grandes entreprises à entrer en Bourse», car seule la compréhension des
causes de ce phénomène «est de nature à permettre de lever les obstacles».
Assimilant l’introduction en Bourse à un véritable contrat de confiance
entre l’entreprise et l’investisseur, le ministre des Finances souligne
l’importance des exigences de transparence «qui contribuent à garantir
l’équilibre du marché».
Pendant longtemps, d’aucuns imputaient le refus des entreprises à entrer en
Bourse à leur volonté d’échapper aux contraintes de la transparence. Si cela
devait être encore le cas, M. Kchich a clairement signifié que désormais
toutes les entreprises et tous les Tunisiens vont être égaux devant
l’exigence de transparence. (Première partie)