OMC : les dirigeants de l’Apec doivent transformer les paroles en actes

 
 
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Le président américain George W. Bush et son homologue chinois Hu Jintao, lors du sommet de l’APEC à Hanoï, le 19 novembre 2006 (Photo : Jim Watson)

[20/11/2006 08:36:19] HANOI (AFP) Au lendemain de leur appel “urgent” à sortir de l’impasse les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les pays d’Asie-Pacifique doivent maintenant transformer les paroles en actes avec un plan et des dates précises, estiment des analystes.

Les dirigeants du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), dont George W. Bush (Etats-Unis), Hu Jintao (Chine) et Shinzo Abe (Japon), ont achevé ce week-end un sommet annuel à Hanoï sur un puissant plaidoyer en faveur d’une relance rapide du cycle de Doha sur l’abaissement des tarifs douaniers, et se sont déclarés prêts à faire des concessions.

L’agriculture a été spécifiquement mentionnée, ce qui veut dire que les Européens ont été eux aussi appelés à la flexibilité.

Mais délégués et analystes avertissent que la route est semée d’embûches et que les principaux acteurs de l’Apec devraient favoriser des mesures concrètes pour maintenir la dynamique.

Le bloc régional de l’Apec représente la moitié du commerce planétaire mais “personne ne pense que les prochains mois seront faciles”, indique un haut responsable commercial asiatique.

Certes, dit-il, le patron de l’OMC Pascal Lamy est venu en personne au Vietnam. Certes, la déclaration de l’Apec a été “forte”.

Mais “après l’engagement politique, que doit-on mettre sur la table en termes de pourcentages ? Que sont prêts à donner les membres de l’OMC qui n’appartiennent pas à l’Apec ? Au bout du compte, les questions de politique intérieure continueront à jouer un rôle central”, estime-t-il.

Le cycle de négociations commerciales entamé en 2001 dans la capitale du Qatar vise à abaisser les barrières douanières dans le monde mais continue de susciter de profonds désaccords entre Américains, Européens et pays en développement, en particulier sur les subventions agricoles.

Le processus est totalement bloqué depuis juillet.

Charles Morrison, président de l’East-West Center, un institut de recherches basé à Hawaï, estime que les dirigeants des pays riverains du Pacifique auraient dû être plus audacieux et juge “insuffisante” la déclaration de Hanoï, dans la mesure où elle ne comprend ni plan d’action ni dates butoir.

Les nations de l’Asie-Pacifique devraient mettre sur pied un “plan d’action d’urgence” incluant de nouvelles concessions par les membres de l’Apec, ainsi que des dates, ce qui obligerait les autres grands acteurs de l’OMC –Union européenne, Inde, Brésil– à faire de même, estime M. Morrison.

“Pour montrer l’utilité de l’Apec, les dirigeants auraient dû demander spécifiquement à leurs ministres du Commerce de préparer de nouvelles propositions avec une date butoir”, ajoute-t-il.

Les leaders, selon lui, auraient même dû lancer une invitation aux autres membres de l’OMC pour une session de négociations.

Supachai Panitchpakdi, ex-patron de l’OMC, rappelle que l’Apec avait contribué à relancer de précédents cycles de négociations mondiales et pourrait rééditer cette initiative. “Laissons la place à une diplomatie silencieuse pour avancer un peu”, suggère-t-il.

Mais signe sans doute d’une foi modérée dans l’avenir des discussions mondiales, certains pays membres de l’Apec admettent qu’ils continueront à signer des accords bilatéraux.

“Dans l’intérêt de l’Australie, nous continuerons de tenter de progresser sur le front multilatéral”, a indiqué le Premier ministre australien, John Howard, ajoutant: “mais je suis aussi prêt à laisser les options ouvertes et à m’engager dans des accords commerciaux bilatéraux”.

 20/11/2006 08:36:19 – © 2006 AFP