La Russie à la porte de l’OMC : un marché encore à risque pour les étrangers

 
 
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Le président américain George W. Bush (g) et son homologue russe Vladimir Poutine, au sommet de l’Apec à Hanoï, le 19 novembre 2006 (Photo : Jim Watson)

[20/11/2006 15:27:55] MOSCOU (AFP) La Russie, qui s’approche enfin d’une entrée dans l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) après le feu vert dimanche de Washington, reste un terrain délicat pour les entreprises étrangères malgré des indicateurs économiques alléchants et une consommation en plein boom.

Moscou et Washington ont signé à Hanoï un accord bilatéral, maintes fois repoussé, qui lève un des derniers obstacles à l’adhésion de Moscou à l’OMC, la Russie devant encore boucler des négociations multilatérales avant de devenir membre de l’organisation.

“L’adhésion à l’OMC apportera une contribution majeure pour améliorer l’image de la Russie. Beaucoup pensent que l’échec de la fusion entre Arcelor et Severstal (cet été) était lié au fait que la Russie n’est pas membre de l’OMC”, souligne ainsi Alexeï Portanski, chef du bureau d’information pour l’accession de la Russie à l’OMC.

Une croissance du PIB attendue à 6,7% cette année par la Banque centrale, des excédents commerciaux et budgétaires record et un rouble devenu entièrement convertible au 1er juillet, sont des signaux rassurants sur la santé de l’économie russe, qui profite à plein de sa manne pétrolière.

Mais la complexité de la bureaucratie russe, des guerres commerciales fréquentes, la corruption et une application sélective de la loi demeurent des obstacles importants aux projets commerciaux des groupes étrangers, qui sont toutefois de plus en plus nombreux à tenter l’aventure.

Les investissements directs étrangers en Russie ont progressé de 55%, à 10,3 milliards de dollars, sur les neuf premiers mois de l’année, selon les chiffres de l’agence aux statistiques.

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Carte des membres de l’Organisation mondiale du commerce

Mais le niveau d’investissements étrangers reste faible, à environ 3% du PIB en 2005, contre 4,9% pour la Pologne, a souligné l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans une étude publiée cet été.

“Malgré des progrès notables, les obstacles restent importants dans certains secteurs, notamment ceux de l’énergie, des assurances et des transports”, soulignait l’étude.

La corruption demeure également un problème, de même que les délais nécessaires à l’obtention de permis de travail ou l’enregistrement de terrains ou de biens immobiliers, déplore l’OCDE.

Le groupe américain Motorola s’est ainsi vu confisquer une livraison de 167.500 téléphones en mars par la police russe, qui a commencé par soutenir qu’il s’agissait de contrefaçons avant de dire que ces modèles étaient “dangereux pour la santé”.

“Quand un pays rejoint l’OMC, il aligne sa législation sur celle des membres de l’OMC, ce qui améliore le climat d’investissement (…) Et si ça se passe mal on peut avoir recours (à une procédure d’arbitrage) à Genève”, observe M. Portanski du bureau d’accession de la Russie à l’OMC.

Selon une étude du Conseil des investissements étrangers en Russie (FIAC), les deux tiers des grands groupes étrangers interrogés qui ne sont pas encore présents en Russie veulent s’y implanter dans les trois ans. Et 90% de ceux qui y sont déjà veulent renforcer leur présence.

D’après ce sondage, le renforcement du contrôle de l’Etat sur tous les secteurs qu’il considère comme “stratégiques” – un concept élastique qui peut s’étendre des industries de défense à l’énergie, en passant par l’automobile et les métaux – inquiète aussi les investisseurs, qui voudraient avoir plus de visibilité sur la politique économique.

Le secteur des hydrocarbures, particulièrement attractif pour les groupes étrangers, est un terrain de plus en plus difficile pour les majors dont la gestion des projets est remise en cause par les agences de contrôle publique.

Mais ce secteur, étroitement contrôlé par le Kremlin, ne fait pas partie des sphères de compétences de l’OMC et les compagnies étrangères ne pourront pas rechercher l’arbitrage de Genève même quand la Russie sera membre de l’OMC.

 20/11/2006 15:27:55 – © 2006 AFP