[20/11/2006 17:42:09] MOSCOU (AFP) L’industrie métallurgique russe confirme son expansion mondiale avec l’acquisition annoncée lundi par l’aciériste Evraz de son concurrent américain Oregon Steel pour 2,3 milliards de dollars, au lendemain du feu vert de Washington à l’entrée de la Russie à l’OMC. Cet accord bilatéral, en négociations depuis plus de dix ans, était l’un des principaux obstacles sur le chemin de l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce et un sujet de tension récurrent entre Moscou et Washington, dont les relations sont au plus bas. Les groupes russes n’ont cependant pas attendu l’adhésion de Moscou à l’OMC pour étendre leurs activités aux Etats-Unis. L’aciériste Evraz, détenu à 41% par le milliardaire russe Roman Abramovitch, a annoncé lundi un accord final pour acquérir Oregon Steel, aciériste de taille moyenne implanté sur la côte ouest des Etats-Unis. Cette opération lui donnera une base d’expansion aux Etats-Unis et lui permettra de se placer parmi les dix premier producteurs d’acier mondiaux. Evraz offre 63,25 dollars en numéraire par action pour l’ensemble des titres du groupe, ce qui représente une prime de 30% environ par rapport au cours moyen du titre sur les six derniers mois, selon un communiqué. Les analystes de la banque Alfa à Moscou estiment cependant cette acquisition trop cher payée: “Nous estimons que l’acquisition d’Oregon Steel va diluer la valeur de Evraz”, écrivent-ils dans une note d’analyse. A l’issue de l’offre qui commencera pendant la semaine du 27 novembre, Oregon Steel deviendra une filiale de Evraz. “L’acquisition d’Oregon Steel représente une base solide pour la présence d’Evraz en Amérique du Nord, l’un des plus importants marchés au monde”, a noté Alexandre Frolov, le président du groupe. Dans sa nouvelle configuration, la compagnie aura une part de marché importante dans les tôles et les tubes sur le marché américain et sera aussi le premier producteur mondial de rails, précise Evraz. La nouvelle compagnie produira plus de 18,8 millions de tonnes d’acier brut, surpassant ainsi Severstal, actuel numéro un de l’acier russe et candidat malheureux à une fusion avec l’européen Arcelor (18,6 millions de tonnes d’acier par an). Evraz, qui a déjà des aciéries en Italie et en République tchèque, vient également de se renforcer dans le vanadium, en acquérant 73% du groupe américain Strategic Mineral Corporation (Statcor), spécialisé dans l’extraction minière et la production de ce métal rare. Le géant russe des métaux semi-précieux Norilsk Nickel, numéro un mondial du nickel et du palladium, a également annoncé lundi l’acquisition prochaine de l’activité nickel du groupe américain OM Group (OMG) pour 408 millions de dollars en numéraire. Basé à Cleveland (Ohio), OMG a des activités liées au nickel en Finlande et en Australie. Le secteur russe de l’acier bruisse de rumeurs de fusions depuis l’acquisition par Roman Abramovitch en juin d’une importante part d’Evraz. La presse russe évoque régulièrement des projets d’alliance entre Evraz, son concurrent Severstal, ou le groupe russe Metalloinvest. La création d’un géant russe de l’acier serait vue d’un bon oeil au Kremlin qui souhaite l’émergence de champions nationaux dans les secteurs clefs de l’économie russe, selon les analystes. “Récemment on parle d’une fusion entre les actifs de Severstal et de Metalloinvest, mais cela reste des spéculations”, indique Vladimir Joukov, analyste de la banque Alfa. |
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