L’Insee confirme la panne de croissance en France au 3e trimestre

 
 
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Evolution trimestrielle du PIB français entre 2004 et 2006

[21/11/2006 20:27:01] PARIS (AFP) L’Insee a confirmé mardi la panne de la croissance française au 3e trimestre, malgré une consommation des ménages encore vigoureuse, alors que le gouvernement pronostique un “très bon quatrième trimestre” et table toujours sur 2 à 2,5% pour l’ensemble de l’année.

La croissance est restée clouée au sol (0,0%) au troisième trimestre, selon la deuxième estimation de l’Institut national de la statistique. Il confirme le chiffre publié le 10 novembre, qui avait fait l’effet d’une douche froide après une progression du PIB de 1,2% au trimestre précédent.

Le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, a expliqué cette contre-performance par le fait qu’il avait “fallu digérer (la) formidable accélération” du trimestre précédent (+1,2%)”.

“La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui les indications que nous avons de l’ensemble des économistes, de la Banque de France, de l’Insee, c’est entre 0,6 et 0,8% (de croissance) pour le 4ème trimestre”, a-t-il souligné au cours de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

Se félicitant d’une consommation des ménages qui “se tient comme jamais elle ne s’est tenue dans notre pays”, le ministre de l’Economie a réaffirmé que “malgré tout, nous ferons entre 2 et 2,5% de croissance” en 2006.

Pourtant, au troisième trimestre, la consommation n’a pas suffi à sortir la croissance de l’ornière, malgré une hausse de 0,6% des dépenses des ménages.

Les mauvaises nouvelles sont venues d’une décélération des stocks des entreprises et surtout du commerce extérieur: les exportations françaises ont en effet baissé pour la première fois depuis le premier trimestre 2005.

Ce recul est “la plus désagréable nouvelle” parmi les explications apportées au trou d’air de la croissance, pour Alexander Law, du cabinet d’études sectorielles Xerfi.

L’économiste Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, estime que “c’est vraiment le déficit désormais structurel de compétitivité de l’économie française qui ressort des chiffres” publiés mardi. Il rappelle que “toutes les branches manufacturières ont vu leur activité reculer” au troisième trimestre, et que “la palme du décrochage revient à l’automobile”.

Il juge “difficile, dans ce contexte, d’investir”, ce qui se confirme dans les chiffres puisque les investissements des entreprises non financières ont connu une forte décélération (+0,8% contre +2,2% au trimestre précédent), signe d’un “comportement défensif”, pour les analystes.

Marc Touati (Natixis), loin d’opposer la bonne performance du deuxième trimestre et la mauvaise qui a suivi, relève que, hors stocks, “la croissance française a été identique au deuxième et au troisième trimestre, en l’occurrence +0,3%. C’est dire combien la France est loin de la vigueur économique”.

Il souligne en outre que la progression de la consommation s’effrite, passant de +0,9% au premier trimestre à +0,7% au deuxième et +0,6% au troisième, et que les ménages après s’être massivement endettés pour soutenir leurs dépenses, “sont aujourd’hui fragilisés”.

Dans une analyse publiée mardi par le quotidien La Tribune, Patrick Artus, directeur de la recherche à Ixis-CIB, rappelle que la consommation est liée à “la progression très rapide des crédits aux ménages” et que “la croissance française n’aurait été que de 1% en 2006 si le taux d’endettement des ménages était resté stable”.

 21/11/2006 20:27:01 – © 2006 AFP