Bourse : Les grands groupes se feront encore attendre (2)

 
 

mang211106.jpgLes
autorités voudraient que les grands groupes entrent en Bourse. Deux patrons,
présents au séminaire organisé par l’autorité boursière sur «la Bourse au
service du financement des entreprises tunisiennes», ne se sont guère montrés
prêts à répondre favorablement à l’appel. «Je suis sûr que les positions
auront changé lorsque nous nous retrouverons la prochaine fois».

Tirant les conclusions du débat, M. Chakib Nouira, président-directeur
général de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (B.I.A.T.), et
animateur du séminaire sur «la Bourse au service du financement des
entreprises tunisiennes», organisé mercredi 15 novembre 2006, a usé de
diplomatie pour constater l’échec de cette manifestation.

Bien sûr l’échec n’est pas total, puisque le séminaire a permis un fort
utile échange de vues sur une question cruciale pour l’avenir de l’économie
tunisienne, mais il n’en est pas moins réel par rapport à l’objectif fixé :
convaincre les grands groupes de prendre le chemin de la Bourse.

Outre une
brochette d’experts tunisiens et français, les organisateurs avaient invité
les patrons de trois groupes de sociétés à venir répondre à la question qui
tient à cÅ“ur aux pouvoirs publics et semble les tourmenter : “les grands
groupes sont-ils aujourd’hui prêts à aller en Bourse ?». La réponse de deux
parmi les trois invités –le troisième, M. Néji Mhiri, patron de Meublatex et
de la chaîne hôtelière El Mouradi, s’étant absenté pour raisons de santé-,
en l’occurrence MM. Abdelwaheb Ben Ayed et Férid Abbès, respectivement
présidents des groupes Poulina et Setcar, a été, on ne peut plus clair : un NON
catégorique, même s’il est argumenté.

Poulina, dont l’une des sociétés –El Mazraa- est coté, n’est pas près de reprendre le chemin de la Bourse. Dont
M. Ben Ayed connaît les avantages –«levée des capitaux, notoriété, mobilité
des capitaux et valorisation du patrimoine» et les inconvénients dont le
plus important réside dans le fait de devoir «faire attention aux
interactions de l’entreprise (cotée, ndlr) avec le reste du groupe».

En plus clair, le problème est qu’il existe un risque (pour le patron, ndlr)
«d’être accusé de partialité au sein du groupe». Poulina n’ira donc pas en
Bourse pour ces raisons et pour une autre : «Le groupe n’est pas endetté
–son endettement «ne dépasse pas le cash flow d’une année»- et n’a pas de ce
fait de problèmes de fonds propres» et n’éprouve pas le besoin de s’endetter
parce que ses investissements actuels sont «timides» en l’absence de grands
projets «depuis quelques années». Et même s’il y en avait, le groupe a
trouvé «d’autres moyens de financement sur la place financière».

M. Férid Abbès ne savait pas pourquoi on l’avait invité à ce séminaire
puisqu’il n’est pas en Bourse. De plus, avoue-t-il, il s’est senti «un peu
coupable jusqu’à ce que M. Pontet (le patron d’une entreprise familiale
française, qui a expliqué pourquoi sa société n’est pas en Bourse et réussit
à se développer malgré cela, ndlr) m’ait rassuré».

Comme M.Abdelwaheb Ben
Ayed, il pense qu’en l’absence de grands projets, «il n’existe pas de
pression (sur les groupes) pour obtenir des moyens plus importants en vue
d’acquérir une autre envergure». De ce fait, il est convaincu que «le nombre
d’entreprises tunisiennes pouvant accéder à cette envergure n’est pas aussi
grand qu’on le pense». De plus, une introduction en Bourse est pour lui
d’autant moins envisageable qu’en raison du faible nombre d’entreprises
cotées, donc «du manque de taille et de liquidité», une telle opération
risque de pénaliser l’entreprise.

M. Rached Fourati, président d’honneur de l’Ordre des Experts Comptables de
Tunisie, a défendu lors de ce séminaire la nécessité d’une introduction des
grands groupes en Bourse en inversant une formule célèbre –«la bourse ou la
vie- en un «la Bourse c’est la vie».

Un concept que les patrons des groupes Tunisiens
sont loin de partager. Pour eux : la vie peut continuer sans la Bourse.

 
 
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