[22/11/2006 20:37:55] PARIS (AFP) Le projet de fusion entre Suez et GDF s’est retrouvé mercredi dans la tourmente, et Gaz de France, critiqué par le gouvernement et son futur partenaire, affirme que le mariage peut avoir lieu en février, à quelques semaines de la présidentielle de 2007. “Aujourd’hui, notre souhait est d’aboutir dès le mois de février”, déclare le PDG de GDF, Jean-François Cirelli au quotidien Les Echos de jeudi, première déclaration depuis la décision de justice qui repousse à 2007 une fusion avec Suez initialement prévue pour aboutir en décembre. Si les deux groupes ont répété qu’ils comptaient “mener à bien dans les meilleurs délais” leur projet de mariage, le gazier public a essuyé des rebuffades à peine voilés mercredi. Indice de la tension: Suez a déclaré “attendre les propositions” de Gaz de France, et Gaz de France a rétorqué en déclarant que son conseil d’administration estimait “nécessaire que soit défini un nouveau calendrier en liaison étroite avec Suez”. Une source proche de Suez a confirmé qu’il reprochait à Gaz de France de ne pas avoir agi avec assez de diligence.
La cour d’appel de Paris a confirmé le report du conseil d’administration de GDF, demandé par le comité d’entreprise européen (CEE) du groupe gazier qui exigeait plus d’informations sur l’impact social de la fusion. Une décision “surprenante” pour M. Cirelli. Le gouvernement, qui a beaucoup à perdre en cas d’échec tant le Premier ministre Dominique de Villepin et le ministre de l’Economie Thierry Breton se sont impliqués, semble lui aussi agacé à l’encontre de GDF. “Le gouvernement attend de GDF et de son président Jean-François Cirelli qu’ils soumettent sans délai à ses instances de gouvernance le calendrier”, a déclaré le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé. En fin d’après-midi, les services du Premier ministre Dominique de Villepin annoncaient une réunion de dernière minute avec M. Breton “sur la situation économique, en particulier sur le projet de fusion GDF-Suez”, mais M. Breton n’a rien déclaré sur le sujet en quittant Matignon, après une bonne heure de réunion.
Plus tôt dans la journée, il avait affirmé que “c’est aux entreprises de mener leur projet, à personne d’autre” et qu’il “appartient à GDF d’aller de l’avant”. C’est Dominique de Villepin lui même qui avait annoncé le projet de fusion un samedi de février à Matignon alors que Suez était menacé d’une OPA de l’Italien Enel. La fusion, très contestée par la gauche, les syndicats et une partie de la majorité, est donc repoussé à 2007, ce qui le rapproche dangereusement de la présidentielle dont le premier tour est prévu le 22 avril. “Cela va nous mener au plus tôt à une assemblée générale au mois de février, en pleine campagne électorale”, a déploré une autre source proche de Suez. Les syndicats ont salué unanimement une “victoire éclatante”. Ce projet a été tellement combattu au Parlement par les socialistes qu’il paraît impensable que leur candidate, Ségolène Royal, n’en fasse pas un thème de campagne. “Les opposants s’en donneront à coeur joie”, prévoient les analystes de CM-CIC pour qui le projet vient d’être “littéralement torpillé”. M. Cirelli semble plus optimiste et affirme aux Echos que le “traité de fusion”, qui doit trancher la délicate question de la parité financière, “est quasiment prêt”. “Le temps de la lutte contre un projet funeste est toujours d’actualité”, a déclaré le député PCF de Seine-Maritime, Daniel Paul. Le titre Suez a clôturé en baisse de 1,07% à la Bourse de Paris, à 36,09 euros, mais celui de GDF a chuté de 2,47% à 32,36 euros. |
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