Le Regueb et les bougies !

 

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Bonjour à vous,


Je suis désolé de vous écrire pour un sujet qui n’est pas en relation avec
votre article. C’est parce que je ne sais pas vous contacter autrement. Je
suis un ingénieur statisticien travaillant chez Canal+ à Paris. Je fais
également une thèse et compte revenir dans mon pays. Je suis originaire
d’une petite ville qui s’appelle Regueb à Sidi-Bouzid.


Je souhaite vous exposer un problème de quelques familles de ma région
natale en espérant qu’il trouvera de l’écoute chez vous et peut-être une
solution car votre voie est certainement plus haute que la nôtre : Ma
famille habite à la compagne. Elle vit de l’agriculture comme tout le
voisinage. Donc rien d’extraordinaire surtout pour un passager d’un jour.


Tout le monde se ressemble, que ce soit dans leur mode de vie ou leur niveau
de vie. Mais dès que le soleil se couche, ce même passager remarquera tout
de suite la différence car il ne pourra voir qu’une partie de ces habitants.
Il verra des maisons éclairées par des projecteurs et, à 1000 m, une petite
lueur de bougie à peine visible dans le noir. Ils sont quelques familles au
nombre de 10 au maximum dans cette région qui vivent encore sous les bougies
ou d’autres moyens d’éclairage traditionnel.


Ils se couchent sur l’espoir qu’un jour ces bougies seront remplacées par
des projecteurs comme à un 1 km de chez eux. Cela fait 12 ans que ça dure. A
fortiori cet espoir est devenu rêve et même une blague courante entre les
habitants de la région.


Voici les raisons : Primo, l’électrification dans la région a commencé
depuis 1994, depuis, on a commencé à envoyer les demandes aux services
concernés. Toujours la même réponse : l’énergie solaire comme solution. Et
vous savez plus que moi la limitation de ce type d’énergie.


Dernièrement, j’ai présenté moi-même une demande d’explication sur le sujet
au gouverneur qui me répond de la même manière (via le sous-gouverneur
MO3TMAD) que si nous voulions l’électricité, il faudrait partager entre les
familles restantes 80.000 DTN, coût du projet.


Secundo, il y a un manque de visibilité de la part des services concernés.


Quand on demande à la STEG, elle répond qu’aucun programme n’est prévu et il
faut voir avec le gouverneur. Si on opte pour la dernière proposition, i.e.
payer 80.000D, cela équivaut à plus de 8.000D par famille. Comment peut-on
demander à des familles de payer 8 mille dinars alors que le revenu annuel
moyen d’un Tunisien ne dépasse pas les 3 mille dinars (je vous renvoie sur
les statistiques officielles de l’INS) ?

Si le taux d’électrification est de 99% (toujours selon l’INS), alors 99% de
la population ont bénéficié d’un service public gratuit alors que ces
familles doivent payer ; et si on se limite à l’échelle de la région, aucun
des voisins n’avait payé pour qu’il soit raccordé au réseau national
d’électricité. Dans ce cas, pourquoi devons-nous payer ?
Je vous remercie par avance, même pour le temps que vous avez à lire ma
plainte.
S. SAMMOUDI


Réaction à l’article :
Les yacoubiens et les autres


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