Charbon et gaz : les trafics énergétiques font leur grand retour au Havre

 
 
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Le terminal pétrolier d’Antifer, au large des côtes normandes, le 7 juillet 2003 (Photo : Marcel Mochet)

[23/11/2006 10:06:12] LE HAVRE (AFP) Tombés en désamour depuis les chocs pétroliers des années 70, les trafics énergétiques vont faire leur grand retour sur le port du Havre (Seine-Maritime) où un terminal méthanier et deux centrales thermiques au charbon doivent voir leur jour d’ici 2012.

Niché dans une valleuse remodelée de la falaise de craie du Pays de Caux, le port pétrolier du Havre-Antifer parait bien vide aujourd’hui avec ses deux ou trois supertankers qui lui rendent visite chaque semaine. Mais dans quelques années, cet espace devrait trouver une vocation complémentaire avec l’implantation d’un terminal méthanier d’une capacité de 9 milliards de m3.

Le gaz naturel arrivera par bateau sous forme liquide pour faciliter son transport et sera ensuite “regazéïfié” sur place. Le projet d’un coût de 500 millions d’euros est porté par le groupe français Poweo qui s’est associé avec la Compagnie industrielle et maritime (CIM), spécialisée dans la manutention et le stockage de produits pétroliers.

Au delà de ce projet, Poweo a un second fer au feu au Havre, le second port français après Marseille: la construction d’une centrale thermique au charbon de 600 à 800 mégawatts pour 400 ou 500 millions d’euros, cette fois dans le port industriel. Mais sur place Poweo ne sera pas seul. L’espace qui lui est réservé se situe à côté d’un autre prévu pour la Snet, filiale du groupe espagnol Endesa, qui développe un projet en tous points comparables.

Ces trois projets qui pourraient voir le jour d’ici 2012 confirment le retour en grâce des énergies fossiles alternatives au pétrole qui se fait plus rare et cher. “Le charbon a longtemps pâti d’une image pas très positive pour la pollution qu’il génère, mais les centrales qui sont conçues aujourdhui seront capable de recycler le dioxyde de carbone (CO2)”, assure Jean-Marc Lacave, directeur du port autonome.

Pour Le Havre, cet engouement sonne comme une revanche après l’échec de sa priorité donnée aux trafics énergétiques dans les années 60. A cette époque l’Etat voulait faire du Havre “un port pétrolier d’éclatement” qui aurait pu alimenter toute l’Europe occidentale.

Ce fut la construction du port d’Antifer conçu pour accueillir les supertankers de 500.000 tonnes voire un million de tonnes qui devaient sillonner les mers du globe. A son inauguration en 1974, les journaux évoquaient le cap des 200 millions de tonnes de trafic pour 1990 date à laquelle, selon L’Express, “Le Havre menacera Rotterdam dans sa suprématie”.

Les trois chocs pétroliers mettront fin au rêve. Aujourd’hui, le trafic d’Antifer ne dépasse guère les 30 millions de tonnes l’an, ses pipelines ne desservent jamais que les raffineries de la vallée de la Seine et Rotterdam (Pays-Bas) traite cinq fois plus de marchandises que Le Havre.

Si les trafics énergétiques retrouvent trente ans plus tard du lustre, ils ne sont toutefois pas considérés comme une priorité par les dirigeants du port mais tout juste un moyen d’affirmer Le Havre comme “un port généraliste”. La grande affaire du port reste le conteneur qui constitue l’activité majeure des 600 entreprises de la communauté portuaire.

La construction qui vient d’être annoncée de six nouveaux postes à quai pour 315 millions d’euros d’ici 2010 dans l’enceinte du nouveau port à conteneurs en service depuis avril dernier en est l’illustration.

 23/11/2006 10:06:12 – © 2006 AFP