[23/11/2006 13:48:22] PARIS (AFP) Gaz de France tente de mettre au point un nouveau calendrier pour sauver la fusion avec Suez après le report par la justice de ce mariage très controversé, un contretemps qui fragilise aussi le président du gazier public Jean-François Cirelli. Les deux groupes restaient silencieux jeudi, se bornant à déclarer qu’ils travaillaient pour aboutir d’ici février, comme le promet M. Cirelli dans un entretien accordé aux Echos. Malgré cet optimisme affiché, l’opération reste aléatoire, en raison de la proximité de l’élection présidentielle mais aussi des séquelles que pourrait laisser ce revers dans les relations déjà tendues entre les deux groupes. “La fusion de Suez et GDF semble maintenant incertaine”, estimait encore jeudi matin la Deutsche Bank dans une note. Les syndicats ont salué unanimement une “victoire éclatante”.
La direction de GDF, à qui la justice a reproché un manque d’information des représentants du personnel, a programmé une rencontre dès vendredi avec le comité d’entreprise européen (CEE) et le cabinet d’expertise mandaté par les syndicats, afin de “convenir des modalités” de l’expertise sur l’impact social de la fusion. D’autre part, selon une source proche du dossier, les deux groupes n’auraient pas à fournir leurs comptes annuels 2006 lors des assemblées générales chargées de valider la fusion, mais seulement des comptes intermédiaires du 3e trimestre 2006. Ces assemblées générales d’actionnaires pourraient ainsi se tenir en février et non en mars ou avril, encore plus près de l’échéance présidentielle. Il reste que M. Cirelli sort fragilisé de ce nouveau rebondissement. Mercredi, tout au long de la journée, le gouvernement lui a imputé la responsabilité du retard, l’accusant à mots couverts de légèreté dans la conduite des consultations des instances représentatives du personnel.
“Le gouvernement attend de GDF et de son président Jean-François Cirelli qu’ils soumettent sans délai à ses instances de gouvernance le calendrier”, a asséné son porte-parole Jean-François Copé. Pire, une source proche de Thierry Breton, citée dans le Figaro de jeudi, affirmait que “le management de GDF avait commis une erreur de gestion majeure et qu’il faudrait en tirer les conséquences”. Toutefois, un départ de M. Cirelli semble inenvisageable car il reviendrait sans nul doute à enterrer pour de bon le projet, ce qui constituerait un cuisant échec pour le gouvernement, très impliqué dans ce projet depuis son lancement par le Premier ministre Dominique de Villepin fin février à Matignon. Suez n’a pas été tendre non plus avec son futur partenaire, affirmant sèchement que son conseil d’administration “attend les propositions que fera Gaz de France”. Le PDG du groupe privé, Gérard Mestrallet, est resté totalement silencieux mercredi, alors que le 16 octobre, lorsque les tensions étaient fortes entre les deux groupes à propos de la répartition des postes de direction, MM. Mestrallet et Cirelli avaient affiché leur unité dans une interview commune à La Tribune. Le retard est d’autant plus dommageable pour les deux groupes qu’ils étaient pratiquement parvenus à un accord sur les derniers éléments pendants, le nom du futur groupe mais surtout la parité de fusion. “Le traité de fusion est quasiment prêt”, souligne d’ailleurs M. Cirelli dans Les Echos. Mais une partie du travail accompli sera caduque dans deux mois puisqu’il faudra sans doute renégocier le montant du dividende exceptionnel qui devra être versé aux actionnaires de Suez. |
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