[25/11/2006 10:50:41] BERLIN (AFP) Nouvelles encourageantes pour d’anciens salariés qu’il était accusé d’avoir abandonnés, promesse de punir les actes indélicats au sein du groupe: Siemens, empêtré dans une affaire de corruption, a tenté péniblement cette semaine de limiter les dégâts pour son image. Le groupe de Munich (sud) a annoncé vendredi un compromis sur le financement d’une société de reclassement pour les salariés de BenQ Mobile, la société qui avait repris l’an passé ses activités dans les téléphones portables et qui avait fait faillite fin septembre. Siemens, accusé de s’être débarrassé de l’activité pour ne pas assumer sa liquidation, va aller un peu plus loin que les 35 millions d’euros qu’il avait initialement promis. Un porte-parole a toutefois démenti la somme de 120 à 180 millions avancée par le syndicat IG Metall, jugeant impossible d’évaluer les coûts pour l’instant. Le groupe met aussi en avant des nouveaux emplois proposés à 80 salariés de BenQ. Mais cela reste peu comparé aux 2.000 personnes, sur 3.000 au total, qui ont perdu leur poste. Jeudi, Siemens affichait sa bonne volonté sur un autre dossier en promettant une suspension immédiate en cas de soupçons avérés de pratiques illégales d’un salarié. “Nous devons clarifier et punir sans merci les irrégularités”, avait commenté le patron du groupe, Klaus Kleinfeld, en une réaction bien tardive à une affaire de détournements de fonds secouant le groupe depuis plus d’une semaine.
La justice a déjà arrêté sept personnes, seule une a été remise en liberté. Toutes sont d’actuels ou d’anciens salariés de Siemens, certaines à des postes de direction ou chargées du contrôle interne. “Il y a eu des aveux”, a indiqué vendredi sans préciser davantage un porte-parole du Parquet de Munich. Il soupçonne l’existence d’une bande organisée qui aurait détourné au moins 200 millions d’euros de la division de téléphonie (Com) vers des comptes à l’étranger. Siemens lui en est encore à “examiner” le cas des salariés impliqués pour décider d’une éventuelle suspension. Et sous couvert des enquêtes judiciaires en cours désormais dans plusieurs pays, il ne confirme qu’au compte-goutte ces derniers jours les révélations quotidiennes de la presse. Celle-ci a évoqué des transferts de fonds à partir des années 1990 sur des comptes en Autriche, en Suisse ou au Liechtenstein. L’argent finançait des pots-de-vin pour obtenir des contrats internationaux. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung de vendredi, un ancien salarié a avoué des versements à l’ex-dictateur nigérian Sani Abacha. Plusieurs pays du Moyen-Orient ont aussi été cités, ainsi que la Grèce où Siemens a fourni des systèmes de sécurité pour les Jeux Olympiques d’Athènes en 2004. “Vu l’ampleur de l’affaire, on peut se demander si la corruption fait partie de la politique commerciale de Siemens et est connue ou tolérée par la direction, ou si l’entreprise est victime de salariés agissant de leur propre chef”, a souligné Peter von Blomberg, un responsable en Allemagne d’Amnesty International. Quelle que soit la réponse, “les systèmes de contrôle ont fait défaut.” Des appels au départ de Heinrich von Pierer, actuel président du conseil de surveillance et patron du groupe au moment des faits, ont commencé à se faire entendre. “Si von Pierer savait et n’a rien fait pour l’empêcher, il a soutenu le système. Il doit alors partir”, a commenté Jürgen Kurz, porte-parole de l’association de petits actionnaires DSW, dans le quotidien Tagesspiegel. Et l’onde de choc pourrait dépasser Siemens pour se ressentir sur la réputation de l’ensemble de l’industrie allemande, déjà ternie par d’autres scandales ces derniers mois, en particulier chez le constructeur automobile Volkswagen. |
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