[25/11/2006 11:25:24] PARIS (AFP) Les équipementiers automobiles français ont connu une accélération de plans sociaux en 2006, touchant des milliers d’emplois, alors que Dominique de Villepin prépare un plan de soutien au secteur. Le Premier ministre a entamé jeudi des consultations avec les acteurs de la filière automobile, en recevant les représentants des équipementiers et des sous-traitants, puis les constructeurs automobiles vendredi. Dans ce secteur comptant quelque 124.500 salariés, la perte d’emplois devrait dépasser les 5.000 emplois d’ici la fin 2006, estime la Fédération des composants automobiles, la Fiev, le patronat des équipementiers (40% des emplois de la filière automobile). Cette tendance à la baisse avait été amorcée en 2005, avec 3.000 emplois disparus, alors que les effectifs étaient stables depuis dix ans, ajoute la Fiev. Sur l’ensemble de la filière automobile (315.000 salariés), ce sont environ “20.000 emplois” qui pourraient disparaître à terme, “compte tenu des plans sociaux en cours ou annoncés”, a indiqué Philippe Martinez, de la CGT-Métallurgie. “Il y a eu une nette accélération des plans sociaux en 2006 chez les équipementiers de premier rang, qui travaillent directement pour les constructeurs, et surtout chez les équipementiers de niveau 2 et 3, les +sous-traitants des sous-traitants+, où c’est la catastrophe”, analyse Bernard Fillonneau pour la CFDT. Selon la CGT, la crise est partie de la situation du numéro un mondial du secteur, l’équipementier Delphi aux Etats-Unis, placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites. “Ensuite, les plans sociaux se sont enchaînés”, selon lui, et les restructurations se sont encore multipliées depuis la rentrée, se traduisant par des fermetures ou des délocalisations. En France, le Nord-Pas-de-Calais, l’Est, la Normandie et l’Ile-de-France sont frappés de plein fouet. Le 6 octobre, Delphi a annoncé 330 suppressions d’emplois sur ses sites de production de Flers-en-Escrebieux, près de Douai (Nord). Depuis mardi, les ouvriers de Faurecia de Brières-les-Scellés (Essonne) sont en grève contre un plan social touchant 290 postes. Valeo s’apprête à délocaliser en Tunisie la production de chaînes de montage de son site de Mondeville près de Caen, selon les syndicats. Dans cette même ville, Bosch prévoit la suppression de 230 postes d’ici 2009. L’américain Visteon a annoncé cette semaine la suppression de 314 emplois à l’horizon 2008 à Charleville-Mézières (Ardennes). Dans ce département, la liquidation fin octobre de l’usine Thomé-Génot, a provoqué un tollé. Les équipementiers et sous-traitants, notamment les PME, pâtissent du recul des ventes automobiles, ainsi que de la hausse des matières premières et de la pression des constructeurs sur leurs tarifs, avec une concurrence accrue des pays à faible coût de main d’oeuvre. “Face à la stagnation des profits, il y a une volonté des actionnaires d’augmenter la rentabilité: les constructeurs font pression pour que les équipementiers baissent leurs coûts, qui font à leur tour pression sur leurs sous-traitants… C’est un phénomène en cascade”, selon M. Martinez. Depuis la fin des années 1990, “on fait plus de voitures avec moins de monde”, selon le responsable de la CGT, qui dénonce une dégradation des conditions de travail. Le Premier ministre avait annoncé mercredi qu’il présenterait “dans quelques jours” un plan automobile, sur le modèle des aides à la sous-traitance aéronautique annoncées lors d’un déplacement sur le site d’Airbus à Toulouse, le 14 novembre. Mais les syndicats n’ont pas été conviés, relève la CFDT. “Le gouvernement va se contenter d’aides aux reclassements et aux suppressions d’emplois, alors que nous avons besoin d’une vraie politique industrielle”, conclut la CGT. |
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