Un vin de pays bientôt commercialisé, une révolution dans le Beaujolais

 
 
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Vue de vignobles proches de Juliénas, le 5 septembre 2006 jour de lancement des vendanges dans le Beaujolais (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[26/11/2006 09:34:58] LYON (AFP) La commercialisation dans le Beaujolais, annoncée à partir du 15 décembre, d’un nouveau vin de pays constitue un tournant dans l’histoire de ce vignoble qui n’autorisait jusqu’à présent que des AOC.

“Nous étions l’une des dernières zones non-mixtes alors que c’est un créneau où il existe une demande et qu’on voyait apparaître des friches”, explique Denis Chilliet, président des vins d’appellation Beaujolais.

“On s’est alors dit pourquoi ne pas s’ouvrir à de nouveaux cépages pour permettre un élargissement de la gamme et sauver ainsi quelques exploitations et quelques vignerons”, ajoute-t-il.

L’organisme interprofessionnel Inter Beaujolais avait mené fin 2004 une étude préalable auprès de négociants de la région afin de mesurer l’intérêt de lancer le vin de pays “des Gaules”. La mesure avait été validée lors des “Assises du Beaujolais” de 2004 à Lyon.

“On ne connaît pas encore la production de cette première année ou le nombre de producteurs puisque les déclarations de récoltes n’ont pas été toutes enregistrées et que les commissions d’agrément (qui autorise la vente sous l’appellation de vin de pays) ne se réuniront qu’à partir de mi-décembre. A terme, nous visons 10 à 20.000 hectolitres”, indique Michel Deflache, directeur d’Inter Beaujolais.

D’ores et déjà, “on note une demande intéressante de négociants locaux et même d’opérateurs nationaux pour un vin qui n’existe pas encore”, se félicite-t-il.

Le décret fixant les conditions de production du nouveau vin de pays a été publié le 2 novembre au JO. Il définit une zone de production de 85 communes dans le Rhône et de 11 communes de Saône-et-Loire.

Le régime des vins de pays permettra aux vignerons d’avoir recours à des vendanges mécaniques alors qu’elles doivent être faites à la main pour les 12 appellations de Beaujolais, et d’accroître les rendements à 85 hectolitres par hectares, contre 53 hl/ha en régime AOC.

Pas moins de 19 cépages différents ont été autorisés, avec notamment une ouverture vers le pinot, la syrah, l’aligoté et le viognier.

“Outre l’opportunité de marché que constitue la demande en vin de pays, cela fournit surtout une possibilité de diversification”, relève M. Deflache.

Cette innovation fait néanmoins grincer des dents les puristes de la région.

“Dans une région qui ne produisait que du vin AOC, l’introduction d’un vin de pays induit une nouvelle façon de considérer le vin produit, qui a pu heurter certaines sensibilités”, reconnaît le responsable interprofessionnel.

“Mais on a fait un travail d’explication, en soulignant que le vin de pays des Gaules n’est en aucun cas un sous-produit du Beaujolais, c’est un vin avec un positionnement différent”, résume-t-il.

Pour ménager les susceptibilités, le décret du 2 novembre interdit la vente en vin primeur du vin de pays des Gaules, afin d’éviter toute concurrence directe avec le Beaujolais nouveau.

 26/11/2006 09:34:58 – © 2006 AFP