Le destin d’Eurotunnel suspendu au vote de ses créanciers lundi

 
 
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Un train Eurostar sort du tunnel sous la Manche, le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet)

[26/11/2006 18:16:42] PARIS (AFP) La saga Eurotunnel doit connaître lundi un épisode décisif, ses créanciers devant se prononcer sur le plan de restructuration financière de la direction, alors que plane toujours la menace d’un redressement judiciaire si aucun accord n’est trouvé.

Les créanciers voteront à partir 10H00 au tribunal de commerce de Paris, qui a engagé cet été une procédure de sauvegarde destinée à éviter un dépôt de bilan de l’opérateur du tunnel sous la Manche. La dette de la société franco-britannique dépasse les 9 milliards d’euros.

Cinquante-trois établissements de crédit, représentant 6,3 milliards d’euros de créances, doivent se prononcer, selon des modalités complexes, sur les propositions présentées fin octobre par le PDG Jacques Gounon.

Pour être validé, le plan doit être approuvé par une majorité des créanciers à condition que les participants au vote représentent au moins les deux tiers des 6,3 milliards de dettes.

Le vote de lundi, qui ne sera pas public, pourrait prendre plusieurs heures, a précisé à l’AFP Emmanuel Hess, l’un des administrateurs judiciaires d’Eurotunnel.

Selon les modalités de la loi de sauvegarde, si les propositions n’étaient pas approuvées lundi, un délai de 30 jours supplémentaires pourrait être accordé, si la direction et les administrateurs judiciaires sont d’accord.

Si les différentes parties ne parvenaient toujours pas à s’entendre à l’issue de ce nouveau délais, le tribunal pourrait décider de placer Eurotunnel en redressement judiciaire.

En revanche, un vote positif ouvrirait la voie à une validation du plan par le tribunal et à sa mise en oeuvre par l’entreprise.

Difficile pour l’heure de préjuger de l’issue du vote, tant les points de vue semblent toujours difficilement conciliables malgré des mois d’âpres négociations.

La direction d’Eurotunnel se dit confiante, Jacques Gounon assurant que deux créanciers importants de son groupe, l’assureur-crédit américain MBIA et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont déjà apporté leur soutien.

Toutefois, selon une source proche du dossier, le vote pourrait être extrêmement serré.

Si la plupart des créanciers sont restés muets, plusieurs voix discordantes se sont fait entendre. Le fonds d’investissement américain Oaktree, qui revendique environ 10% des droits de vote, a fait savoir vendredi qu’il ne voterait pas en faveur du plan.

S’estimant lésé par rapport à d’autres catégories de créanciers et aux actionnaires, le fonds souhaite poursuivre les “négociations” avec la direction. Mais Eurotunnel a déjà répété que les discussions étaient “terminées”.

Oaktree affirme également que “d’autres créanciers significatifs” sont opposés au plan, mais sans préciser lesquels.

Les propositions de la direction prévoient de réduire la dette totale (9,16 milliards d’euros) de plus de la moitié, sous forme d’un emprunt bancaire sur 40 ans.

Cette dette unique sera financée soit par Goldman Sachs associé à Deutsche Bank soit Citigroup, qui viennent de déposer des offres séparées de financement, selon un communiqué d’Eurotunnel dimanche.

Eurotunnel a indiqué que ces offres seront analysées par ses banques conseils, puis examinées par son comité d’audit avant d’être soumises à la décision du Conseil d’administration.

Même si les créanciers, puis le tribunal de commerce, devaient approuver les propositions, reste encore une inconnue de taille : l’attitude des actionnaires, dont beaucoup ne se satisfont pas des conditions financières proposées par la direction.

Or pour mener à bien sa restructuration, Eurotunnel doit convaincre 60% d’entre eux de souscrire à l’OPE.

 26/11/2006 18:16:42 – © 2006 AFP