Eurotunnel sauvé du redressement judiciaire par ses créanciers

 
 
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Un train Eurostar sort du tunnel sous la Manche, le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet)

[27/11/2006 20:26:51] PARIS (AFP) Les créanciers d’Eurotunnel ont voté lundi de justesse en faveur du plan de restructuration financière proposé par la direction, une étape capitale qui évite un redressement judiciaire à l’opérateur du tunnel sous la Manche, confronté à une dette colossale.

Les propositions de la direction ont été adoptées à une courte majorité, 28 créanciers sur 53, représentant 72% de la dette, ayant voté pour, selon les chiffres communiqués à l’AFP par un porte-parole du groupe. Trente cinq créanciers étaient présents au tribunal de commerce de Paris, a-t-il précisé.

Ce vote ouvre la voie à l’aval du plan de refinancement par le tribunal de commerce de Paris puis à sa mise en oeuvre par l’entreprise.

Le tribunal de commerce avait lancé début août une procédure de sauvegarde permettant à Eurotunnel de renégocier sa dette astronomique de plus de 9 milliards d’euros et d’éviter ainsi le dépôt de bilan. Mais les créanciers principaux devaient impérativement apporter leur soutien.

Cinquante-trois établissements de crédit représentant 6,3 milliards de créances devaient se prononcer lundi.

Pour être validées, les propositions devaient recevoir l’aval des créditeurs à une double majorité: la moitié du nombre de créanciers –soit 27 au moins– représentant les deux tiers de la dette (soit 66,66% de 6,3 milliards) devaient être en faveur du plan.

La direction d’Eurotunnel a dans la foulée exprimé sa “satisfaction” de voir son plan adopté.

Le scrutin sera suivi “avant mi-décembre, par le vote des créanciers obligataires” dont l’avis n’est que consultatif, ajoute Eurotunnel.

En outre, le comité réunissant les fournisseurs d’Eurotunnel s’est à son tour prononcé en faveur du plan cet après-midi, a aussi indiqué le groupe.

Beaucoup prévoyaient un score serré pour le vote des créanciers lundi, tant les points de vue s’étaient révélés antagoniques durant des mois d’âpres négociations.

La direction d’Eurotunnel s’était toujours montrée confiante, le PDG Jacques Gounon certifiant encore jeudi que deux créanciers importants de son groupe, l’assureur-crédit américain MBIA et la Banque européenne d’investissement (BEI) l’avaient assuré de son soutien.

Si la plupart des créanciers étaient restés muets, plusieurs voix discordantes s’étaient fait entendre, comme le fonds d’investissement américain Oaktree, qui revendique environ 10% des droits de vote.

Les propositions de la direction adoptées lundi prévoient notamment de réduire la dette totale (9,16 milliards d’euros) de plus de la moitié, sous forme d’un emprunt bancaire sur 40 ans.

Cette dette unique sera financée soit par Goldman Sachs associé à Deutsche Bank soit par Citigroup, qui viennent de déposer des offres séparées de financement, selon un communiqué d’Eurotunnel diffusé dimanche.

Eurotunnel a indiqué que ces offres seront analysées par ses banques conseils, puis examinées par son comité d’audit avant d’être soumises à la décision du Conseil d’administration.

Toutefois, reste encore pour la direction une inconnue de taille: l’attitude des actionnaires, dont beaucoup ne se satisfont pas des conditions financières proposées par la direction.

Introduit à la Bourse de Paris fin 1987 à 35 francs (5,34 euros), le titre a atteint 128 francs (19,51 euros) en mai 1989, avant une chute vertigineuse. A la suspension de sa cotation en mai 2006, l’action valait 0,44 euro.

Eurotunnel compte environ 800.000 actionnaires en France.

 27/11/2006 20:26:51 – © 2006 AFP