L’eurogroupe serein face à la hausse de l’euro

 
 
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Le ministre français des Finances Thierry Breton (d) avec son homologue belge Didier Reynders (c) et le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 27 novembre 2006 (Photo : Gérard Cerles)

[27/11/2006 20:03:19] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances des douze pays de la zone euro, qui se réunissent lundi soir à Bruxelles, se sont montrés dans l’ensemble sereins face à la nouvelle hausse du taux de change de la monnaie unique, à l’exception du Français Thierry Breton.

Après le décrochage du dollar à la veille du week-end, l’euro a en effet atteint lundi ses niveaux les plus élevés face au billet vert depuis 20 mois, jusqu’à 1,3161 USD, et a franchi un nouveau plus haut historique face au yen japonais, à 152,49 yen pour un euro.

Les ministres autrichien et néerlandais, Karl-Heinz Grasser et Gerrit Zalm, se sont déclarés peu inquiets.

“Je ne suis pas vraiment inquiet”, a déclaré M. Grasser à son arrivée. “Le taux de change actuel n’est pas un problème pour la situation de nos exportations”, a-t-il estimé.

“Nous ne devons pas commencer à nous inquiéter prématurément”, a renchéri M. Zalm, en ajoutant que “bien sûr un euro fort est une bonne chose pour les consommateurs même si c’est mauvais pour les exportations”.

“On résiste mieux à des chocs externes avec un euro fort”, a expliqué pour sa part le ministre belge Didier Reynders, prenant l’exemple des prix pétroliers.

A l’inverse, leur homologue français Thierry Breton a exprimé l’inquiétude qui règne à Paris en indiquant qu’il allait “appeler à la vigilance collective de l’eurogroupe”.

La France a enregistré une croissance nulle au troisième trimestre, alors que d’autres pays comme l’Allemagne ont gardé un bon rythme.

Certains économistes estiment qu’un euro trop fort serait effectivement dommageable pour la croissance économique de la zone euro.

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Le président de la BCE Jean-Claude Trichet à Bruxelles, le 27 novembre 2006 (Photo : Gérard Cerles)

“Si l’euro reste au niveau actuel, cela pourrait réduire la croissance de 0,2 a 0,3 point l’an prochain”, indique Eric Chaney, économiste chez Morgan Stanley.

“Un euro durablement fort serait dommageable pour la compétitivité de la zone euro et s’ajouterait aux vents contraires que l’économie européenne affrontera en 2007”, tels que le ralentissement de la croissance mondiale et les prix du pétrole toujours élevés, renchérit Howard Archer, de Global Insight.

Pour Karl-Heinz Grasser, l’évolution des taux de changes reflétait en grande partie les différences dans le cycle économique aux Etats-Unis, où la croissance ralentit, et la zone euro, où elle accélère.

“Les données économiques fondamentales de la zone euro sont très bonnes. La croissance avance bien, l’inflation est sous contrôle et la consommation des ménages se redresse. Nous sommes très optimistes en ce qui concerne l’an prochain”, a expliqué le ministre autrichien.

Dans ces conditions, le développement d’une nouvelle polémique entre les gouvernements et la Banque centrale européenne (BCE) sur la politique monétaire apparaît peu probable, contrairement à l’année dernière.

Le ministre belge des Finances Didier Reynders a néanmoins mis en garde la BCE contre une “hausse programmée et prévisible, mois après mois, trimestre après trimestre” de ses taux directeurs, “alors même que l’économie ralentirait”.

Les économistes jugent que la poussée de l’euro ne devrait pas infléchir dans l’immédiat la politique de la BCE. Ils attendent toujours en décembre un relèvement de son principal taux directeur, de 3,25% à 3,50%.

Le mouvement de hausse de l’euro “pourrait changer un peu la rhétorique” de la BCE après la hausse de décembre, selon Holger Schmieding. Mais si l’euro ne monte pas davantage, la Banque devrait porter ce taux à 3,75% en mars prochain, ajoute-t-il.

 27/11/2006 20:03:19 – © 2006 AFP