C’est une
réelle catastrophe qui est tombée sur la tête des jeunes entreprises développant des
services de télécommunication à valeur ajoutée. Ces entreprises dont on voit
les gros placards publicitaires sur les tabloïds en langue arabe et
proposant l’envoi de logos sonneries et différentes babioles par SMS. La
catastrophe en question est l’envoi par Tunisie Télécom de la nouvelle
grille de commission à faire valoir sur les différentes opérations par SMS.
Désormais, la part de Tunisie Télécom variera entre 50% et 65% à valoir sur
le montant du chiffre d’affaires généré par ces SMS. Pour ceux qui font un
chiffre supérieur à 500.000 dinars, ils seront débités de 50%, ceux qui ont
un CA compris entre 50.000 et 500.000, de 55%, ceux qui ont entre 10.000 et
50.000 seront débités de 60% et ceux qui ont moins de 10.000 dinars seront
débités de 65%.
Plus le fournisseur de services à valeur ajoutée génère du trafic, moins il
est commissionné. Auparavant, d’après nos sources, Tunisie Télécom taxait au
maximum 60 millimes par SMS envoyé et ne prenait pas en considération le
montant du SMS surfacturé. Une pratique qui a été critiquée puisqu’on
jugeait que l’opérateur vendait à perte. Il ne s’agit donc que d’une remise
en ordre d’un secteur à qui on a laissé trop de libertés et de marges
bénéficiaires des plus confortables.
A ceux qui se demandent pourquoi Tunisie Télécom vendait à perte,
l’explication est simple : on peut considérer qu’un abonné va acheter une
carte de recharge à cinq dinars pour l’envoi de 10 SMS à valeur ajoutée dont
la valeur de chacun est de 500 millimes. De ces envois, Tunisie Télécom
génère 600 millimes (prix des dix SMS), le reste est encaissé par le
fournisseur de services. Or il faut savoir que Tunisie Télécom a une taxe à
payer sur chaque carte vendue, a une commission au revendeur et a un prix à
payer pour la confection des cartes. Autant de frais qui dépassent les 600
millimes générés. Tunisie Télécom n’a fait donc que remettre les choses à
leur place.
Ce que son concurrent (à titre comparatif) a fait depuis le début puisqu’il
taxait en moyenne 50% le montant des transactions. Cela dit, le couac n’est
pas dans cette remise en ordre des choses, mais dans la forme avec laquelle
les choses ont été, apparement, faites.
Selon nos informations, il y aurait un contrat de cinq ans en bonne et due forme
entre les fournisseurs de services à valeur ajoutée et Tunisie Télécom
énonçant les montants des commissions. Des commissions qui ne dépassent pas
les 60 millimes en fonction du total des envois. En clair, l’opérateur
vendait des SMS en gros comme il le fait avec certaines banques. Sur la base
de ces contrats, ces fournisseurs ont monté des business plan pour leur
entreprise et ont commencé à travailler et à employer des gens. Ce qui est
arrivé est que Tunisie Télécom a révisé, seule, ces contrats et a
remplacé les montants par des pourcentages, ce qui, on le comprend,
n’avantage guère les jeunes fournisseurs.
Si ces informations sont exactes, Tunisie Télécom aura tout simplement renié
ses engagements ! Dans le fond, on ne peut qu’encourager Tunisie Télécom a suivre
cette voie pour qu’elle récupère ce qui lui revient amplement de droit, mais
dans la forme on ne peut qu’être critique car l’opérateur historique
national se doit de respecter ses engagements.
En réaction, on apprend que la Chambre syndicale nationale de ces
fournisseurs, relevant de la Fédération des technologies de l’information et
de la communication de l’Utica, vient de se réunir et de décider de reporter
la signature de ces nouveaux contrats envoyés par Tunisie Télécom à une date
ultérieure ; de charger un avocat pour voir ces contrats et leur légalité ;
d’envoyer un courrier à Tunisie Télécom annonçant le refus de ces
conditions.
C’est un nouveau feuilleton qui s’annonce donc et Tunisie Télécom devrait
trouver les meilleures solutions possibles pour sauvegarder ses propres
intérêts tout en respectant ses propres engagements.
Quant aux Fournisseurs de services, au terme du contrat, ils devraient tout
simplement réviser leur business plan car ils
ne vont plus pouvoir continuer à bénéficier des largesses tarifaires de
l’opérateur téléphonique national.
Précision de Tunisie Télécom :
«… Le
Président Directeur Général de l’opérateur historique tient
à rassurer ces entreprises développant des services de télécommunication à
valeur ajoutée et tient à
préciser que la société respectera ses engagements».
NDLR : Tant mieux, cela ne peut que nous rassurer de savoir que l’opérateur
national tient ses engagements et répond à notre article. Nous avons fait
notre travail en remontant les craintes des fournisseurs, qui sont, eux
aussi, rassurés.