[28/11/2006 18:09:12] MOSCOU (AFP) Les géants gazier Gazprom et pétrolier Rosneft, contrôlés par l’Etat russe, ont annoncé mardi un accord de partenariat tous azimuts, signe d’un rapprochement censé mettre fin à leurs luttes et favoriser, selon certains analystes, l’émergence d’un “monstre” russe de l’énergie. “Le président de Gazprom Alexeï Miller et celui de Rosneft Sergueï Bogdantchikov ont signé un accord de coopération stratégique aujourd’hui au siège de Gazprom”, selon un communiqué commun des deux groupes. “Rosneft et Gazprom vont développer leur coopération dans les domaines de l’exploration, de l’exploitation, du transport et de la transformation des hydrocarbures, de l’achat et la vente de gaz”, selon cet accord. Concernant la “participation à des projets communs dans les domaines de l’exploration géologique et de l’exploitation des gisements, la distribution se fera de cette manière: 50% pour Gazprom et 50% pour Rosneft”, ajoute le texte. Un “comité de coordination” doit être formé sous peu pour mettre en place cet accord, qui court jusqu’à 2015. Cette coopération prévoit aussi que “Gazprom achètera à Rosneft du gaz naturel de ses gisements de Sibérie occidentale reliés au système de gazoducs de Gazprom”. Cette insistance sur le gaz suggère que Gazprom est le grand gagnant de l’accord, qui lui permet d’accéder aux réserves des gisements de Rosneft, selon Andreï Gromadine, spécialiste des hydrocarbures à la banque MDM. Sur un même gisement se trouvent à la fois du gaz et du pétrole. “L’accord est surtout important pour le secteur gazier. Gazprom va acheter du gaz des gisements de Rosneft, alors que jusqu’ici cette question était un sujet de désaccords”, explique M. Gromadine. Gazprom, qui vient déjà de créer une société commune avec le numéro un du pétrole russe Loukoïl, cherche à s’assurer de cette façon le monopole de l’exploitation du gaz des gisements de Rosneft et Loukoïl, à l’approche de la libéralisation promise du secteur gazier russe, juge l’analyste. “Il est important pour Gazprom de s’assurer qu’il va conserver le contrôle de ce marché”, explique M. Gromadine. “Les deux adversaires ont trouvé un terrain d’entente”, juge Andreï Fiodorov, analyste de la banque Alfa, jugeant lui aussi que la situation de Gazprom comme monopole gazier est renforcée. Chris Weafer, analyste de la banque Alfa, évoque la dimension politique de cet accord et le possible rôle du Kremlin, qui aurait demandé aux deux groupes “d’arrêter leurs jeux politiques et de travailler ensemble”. Gazprom et Rosneft convoitent tous deux les actifs de l’ex-numéro un du pétrole russe, Ioukos, en cours de démantèlement. C’est Rosneft et non Gazprom qui fin 2004 avait remporté le principal gisement de Ioukos, Iouganskneftegaz. “Le fait que ces deux grandes compagnies d’Etat collaborent plutôt que d’être en compétition est logique. Mais cela rend aussi improbable toute participation importante d’une major internationale dans des projets” en Russie, ajoute M. Weafer. Les deux groupes précisent en effet vouloir participer ensemble à “des concours et des appels d’offres pour recevoir les droits d’exploitation de sous-sols”, sans préciser si ces champs visés seront en Russie ou à l’étranger. “Beaucoup de gens pensent que les ressources énergétiques vont toutes finir dans un même panier. C’est en effet très probable. La question est de savoir quand”, estime M. Weafer, prévoyant la création d’un immense “holding” énergétique russe allant du gaz au pétrole en passant par l’électricité. “Je ne pense pas que cela ira jusqu’à une fusion entre les deux compagnies, qui ont chacune leur stratégie, l’une dans le gaz, l’autre dans le pétrole”, estime quant à lui M. Gromadine, ne voyant pas d’intérêt stratégique pour Gazprom et Rosneft à la formation d’un “monstre” de l’énergie alors qu’ils sont séparément “déjà deux monstres”. |
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