[29/11/2006 13:14:55] FRANCFORT (AFP) Le Tribunal de Dusseldorf (ouest) a mis un point final mercredi à l’affaire Mannesmann, considéré comme le plus gros scandale financier d’après-guerre en Allemagne, permettant aux prévenus d’échapper à une condamnation en échange de lourdes compensations financières. Le juge Stefan Drees, président de la 10e chambre du tribunal en charge de l’affaire, a entériné l’accord conclu vendredi entre le Parquet et la défense pour un abandon des poursuites contre le versement d’un total de 5,8 millions d’euros. Une poursuite du procès n’était pas dans l’intérêt public et n’aurait pas permis de régler les questions soulevées par cette affaire, a justifié M. Drees à l’ouverture de l’audience. Pour autant, pas question de penser que les six personnalités qui étaient jugées pour abus de confiance aggravé et complicité ont acheté leur liberté, a-t-il déclaré pour prévenir les critiques. Une opinion partagée par le représentant du ministère public, Peter Lichtenberg. Avec cet accord à l’amiable, il ne s’est pas agi de “brader la justice”, a-t-il expliqué. Les prévenus, dont le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, n’ont quant à eux pas caché leur joie à l’annonce de cette décision qui leur a permis de quitter la salle L111 du tribunal certes pas blanchis, mais libres. Elle met fin à un feuilleton long de six ans, qui porte sur le versement de primes après le rachat en 2000 du conglomérat allemand Mannesmann par le groupe britannique Vodafone, pour 178 milliards d’euros, au terme d’une bataille boursière qui s’était transformée en opération amicale. Des membres du conseil de surveillance de Mannesmann réunis en comité restreint, dont M. Ackermann, avaient décidé d’accorder 57 millions d’euros de primes à des dirigeants du groupe à l’issue de la transaction, ce qui n’aurait pas été dans l’intérêt de l’entreprise. L’arrêt du procès est “tout autre chose qu’un verdict de culpabilité”, s’est réjoui l’un des avocats de M. Ackermann, Klaus Volk, tandis que l’ancien dirigeant du syndicat IG Metall, Klaus Zwickel, également mis en cause, parlait d’une “grande satisfaction”. A l’issue d’un premier procès en 2004, l’ensemble des prévenus avaient bénéficié d’une relaxe générale. Mais le Parquet avait fait appel et la Cour fédérale de justice, la plus haute juridiction allemande, avait cassé le jugement. Personne n’aurait parié sur une conclusion aussi rapide lors de l’ouverture fin octobre du deuxième procès, qui était prévu pour durer jusqu’en février. Les mots de la Cour fédérale de justice, qui avaient qualifié de “cadeaux” les bonifications, avaient même laissé penser que les prévenus pourraient bien ne pas couper à une condamnation. Mais les traces du premier procès qui s’était étalé sur six mois a conduit les différentes parties à se mettre d’accord, s’épargnant ainsi de nombreuses heures d’audience pour une issue incertaine. Selon la presse allemande, les avocats de M. Ackermann négociaient depuis plusieurs semaines avec le Parquet pour un recours au paragraphe 153a de la loi allemande, qui autorise une solution à l’amiable avec l’accord de toutes les parties. Il faut dire que le patron de Deutsche Bank a beaucoup souffert de cette affaire. Son image avait été écornée par le “V” de la victoire affiché en première instance. Et cette fois-ci, il s’était engagé à démissionner en cas de condamnation. Au final, il s’acquittera de 3,2 millions d’euros de sa propre poche. M. Zwickel payera pour sa part 60.000 euros, l’ex-patron de Mannesmann, Klaus Esser, 1,5 million et l’ex-président du conseil de surveillance, Joachim Funk, un million. |
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