Sommet Afrique-Amérique du Sud : plaidoyer pour le contrôle des richesses

 
 
SGE.QUR26.301106122008.photo00.quicklook.default-245x166.jpg
Evo Morales, Thabo Mbeki, Olusegun Obasanjo et Abdelaziz Bouteflika le 30 novembre 2006 à Abuja (Photo : Pius Utomi)

[30/11/2006 12:25:28] ABUJA (AFP) Le premier sommet Afrique-Amérique du Sud de l’Histoire s’est ouvert jeudi à Abuja (Nigeria) dans la plus grande confusion, mais très vite la politique a pris le dessus avec une revendication forte d’une réappropriation des richesses naturelles.

“L’Afrique et l’Amérique du Sud sont deux régions avec d’immenses possibilités tant par les ressources humaines que naturelles. Ensemble nous représentons 1,2 milliard d’habitants, ensemble nous avons d’abondantes terres cultivables et de vastes ressources minérales. Ceci devrait nous mettre dans une position avantageuse dans le contexte plus large d’engagements multilatéraux globaux”, a déclaré dans son discours d’ouverture le président Olusegun Obasanjo du Nigeria.

Très attendu, le colonel Mouammar Kadhafi, chef lui aussi d’un puissant Etat pétrolier, n’a pas déçu en réclamant pour les deux continents un plus grands contrôle de leurs propres richesses: “80% des matières premières du monde se trouvent en Afrique et en Amérique du Sud. Nous devons être capables de transformer ces matières premières au lieu de les vendre à bas prix comme nous le faisons aujourd’hui, de façon à ce que nos continents ne se réduisent pas pas à des mines”, a-t-il déclaré à la tribune.

“Face au fossé de plus en plus large entre les nations riches et les nations pauvres, il est important pour nous, pays en voie de développement, de compter sur nos propres forces. Ce sommet doit donc avoir à l’esprit de déboucher sur plus grande unité et une plus grande solidarité entre les pays d’Afrique et d’Amérique du Sud”, a souligné Olusegun Obasanjo, dont le pays, 6e exportateur mondial de brut, importe la plus grande partie de ses besoins… en produits pétroliers.

Fraîchement réélu pour un second mandat, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui a eu un entretien privé avec Kadhafi jeudi matin, a mis en garde sur un échec du “cycle de Doha” de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) sur la libéralisation du commerce mondial qui “condamnerait les deux continents à un extrême dénuement”. Conscient des critiques éventuelles sur l’efficacité d’une telle rencontre, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Alpha Oumar Konaré a tenu a déclarer qu’il ne s’agissait pas à Abuja “de trouver un partenariat de plus”. “Nous sommes à la recherche d’un nouveau partenariat fondé sur les valeurs de respect mutuel et de co-développement”.

Mouammar Kadhafi lui a fait écho: “Nous devons être indépendants et responsables, et dire au monde que ce n’est pas un raout de plus”. Olusegun Obasanjo a de ce point de vue souhaité que les sommets Afrique-Amérique du sud soient institutionnalisés et se tiennent alternativement sur chaque continent.

Sur un plan plus politique, le sommet s’est parfois transformé en tribune anti-américaine. Le Bolivien Evo Morales a souhaité une résolution demandant “le retrait des troupes américaines d’invasion en Irak pour arrêter les massacres et le génocide”. “Mettons nous ensemble pour que nous puissions faire face à l’Amérique” (du Nord), a lancé le colonel Kadhafi.

Kadhafi et Lula ont également critiqué le fonctionnement et la constitution actuels du conseil de sécurité de l’ONU. “Nous devons avoir une place dans les forums internationaux. Le conseil de sécurité est supposé être international. nous devons y avoir une place”, a déclaré Kadhafi.

Pour Lula, le conseil de sécurité reflète “un système mondial qui n’existe plus”. La réunion s’est ouverte jeudi matin dans la plus grande confusion à l’hôtel Hilton d’Abuja, un délégué africain allant jusqu’à parler d’un “sommet de boxeurs”. Au moment même de l’ouverture, on ignorait encore la liste exacte des chefs d’Etat et de gouvernement participants.

 30/11/2006 12:25:28 – © 2006 AFP